Marzena Sowa a vécu une jeunesse particulière, car elle fut confrontée à des éléments de la vie quotidienne que les enfants d’aujourd’hui ou les jeunes adultes français qualifieraient de surréalistes.
A l’heure où nous venons de fêter le vingtième anniversaire de l’explosion du réacteur nucléaire de Tchernobyl, l’une des histoires de cet album, « Respirer peut gravement nuire à la santé », est d’autant plus prenante. La scénariste nous raconte la manière dont, petite fille, elle a vécu cette catastrophe. Sans trop comprendre ce qu’il arrivait, elle a été emmenée à l’hôpital, par ses parents, où elle fut forcée de boire un liquide jaune « pas très bon ». « On dirait que [mes parents] me surveillent, dit la jeune Marzi, On peut pas en laisser une seule goutte... Les grands n’ont rien bu, c’est uniquement pour les enfants car il n’y a pas assez de médicaments pour tout le monde ». La scénariste partage dans les cases suivantes ses souvenirs des semaines qui suivirent la catastrophe nucléaire. Des jours particulièrement monotones puisque la population était obligée de rester à l’intérieur des bâtiments pour éviter la pluie et devait résister à la tentation de manger les fruits du verger ou boire du lait de vache...
Bien que les auteurs traitent parfois d’une thématique aussi forte et grave, l’ambiance est rarement pesante. Marzena Sowa et Sylvain Savoia [1] ont pris le parti de raconter des saynètes douce-amères humoristiques au travers du regard d’enfant du personnage principal. Une atmosphère particulière, savoureuse, et attachante, délicieusement mise en image par Sylvain Savoia. Le trait de l’auteur, épuré et simplifié, illumine le récit.
Enfants et adultes prendront un plaisir certain à lire ce deuxième album de Marzi. Chacun aura un niveau de lecture différent, ce qui est l’apanage des séries intelligentes.
(par Nicolas Anspach)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Lire la chronique du premier album
Commander ce livre sur Internet
[1] Le dessinateur met en forme les idées de sa compagne, Marzena Sowa