De son nom complet, Victor Mora Pujadas, Victor Mora est né à Barcelone le 6 juin 1931, il passa son enfance en France où ses parents avaient dû émigrer à cause de la Guerre d’Espagne. Il y revint en 1941 et commença à travailler à l’âge d’onze ans.
Le créateur du Capitaine Trueno
Après avoir exercé divers petits métiers, il rejoint les éditions Bruguera et y crée en 1956, parmi d’autres (notamment El Jabato), le personnage du Capitaine Trueno dessiné par Ambros (alias Miquel Ambrosio) [1] qui remporte un immense succès (jusqu’à 300.000 exemplaires par numéro), y compris à l’international. Capitaine Trueno fut adapté au cinéma en 2011 (Le Capitaine Trueno et le Saint-Graal) par le réalisateur Antonio Hernández avec l’acteur Sergio Peris Mencheta dans le rôle-titre.
Mora entre au Parti communiste de Catalogne (PSUC) en 1956 et se trouve arrêté à ce titre par la police franquiste dès l’année suivante. Emprisonné avec sa petite amie comme communiste et comme franc-maçon (alors qu’il ne l’était pas), il est tabassé et dut finalement la vie sauve, nous avait-il confié, à la notoriété de son personnage. Sorti de prison au bout de six mois, il continue son activité d’écrivain et de scénariste, notamment pour les éditions Bruguera, mais, opposé au régime de Franco, il choisit en 1962 à nouveau le chemin de l’exil jusqu’en 1976.
Il travailla notamment pour Pif (dès 1956) avec les séries Les Compagnons d’Univerzoo (1974), Amicalement vôtre (1975), Oujourou (1975), Taranis, fils de la Gaule (1978) ; pour les éditions Mon Journal sur les titres Akim, Atoll, Brick, Ivanhoé, Marco Polo ou Whipii ; pour Tintin : Dany Futuro (1971) ; Spirou : Commandos de la nature (1973) ; Pilote : Félina (1972), Chroniques de l’innomé (1973), Anges d’acier (1988) ; Super-As : Gigantik (1979) ; Charlie Mensuel : Les Inoxydables (1982) ou l’éphémère revue Virus : Tequila Bang (1980). On lui doit aussi une contribution à l’Histoire de France en bandes dessinées chez Larousse
Il introduisit en France les plus grands auteurs espagnols : Victor de la Fuente, Carlos Gimenez, Alfonso Font, Arthur Aldomà Puig, Antonio Parras mais travailla aussi avec des dessinateurs français : Annie Goetzinger, bien évidemment, mais aussi Philippe Cardona ou Joseph Garcia.
Traducteur d’Astérix en Espagne
Auteur de nombreux romans à succès, Victor Mora était aussi le traducteur d’Astérix en Espagne et l’un des principaux acteurs de la diffusion de la bande dessinée franco-belge dans la péninsule. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il fut élevé au rang de Chevalier des Arts et des Lettres par le gouvernement français en 1998, recevant par ailleurs la Croix de San Jordi du gouvernement catalan.
Ces dernières années, sa santé déclinant à la suite d’un AVC (il raconta son expérience dans un journal), il vivait à Barcelone, et faisait régulièrement des résidences à l’Escala, dans la région de Barcelone, où est établie sa Fondation laquelle conserve ses archives et sa bibliothèque riche de plus de 10.000 volumes. C’était un personnage érudit et charmant, il nous manquera beaucoup. Nos condoléances vont à sa famille et à ses proches.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Edité en France sous le titre "Trueno le paladin" chez Vaisseau d’argent.
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