Nous sommes en 2020 et après une catastrophe naturelle qui a éliminé 60% de la population mondiale, le gouvernement de la seule (!) nation encore existante se concentre sur l’économie. La sécurité se trouve ainsi confiée à des groupes privés qui ne manquent pas de moyens pour maintenir l’ordre. Au point qu’ils peuvent non seulement faire de la publicité, mais aussi mettre en scène des attentats pour mieux prouver leur soi-disant efficacité.
Outre un scénario contemporain rondement mené, Fantôme frappe par la puissance de son dessin. Quel superbe travail que celui de Suk Jung-huyn ! Proche de l’hyper-réalisme, il multiplie les gros plans, parvenant à définir des expressions faciales extraordinairement justes. On devine également qu’il a recours aux photos pour mieux retranscrire certaines atmosphères, de même qu’à l’informatique, en particulier dans les scènes dynamiques et d’action pure.
Cette magnificence du dessin, qui fait penser à moult grands talents européens comme Liberatore, Janjetov ou Beltran, rend les personnages immédiatement présents et attachants. Au premier rang desquels la ravissante Su-kyung, journaliste un peu gauche qui se retrouve au centre du grand bluff qui se joue.
Dans un souci de minutie impressionnant, Suk Jung-huyn a ajouté en fin d’album de nombreux documents préparatoires et des explications permettant de mieux cerner encore cet univers cynique.
Fantôme représente une véritable révélation pour le public français. Un manwha qui a de quoi réconcilier les admirateurs de la technique graphique la plus aboutie et les aficionados de la meilleure SF à fond social.
(par David TAUGIS)
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