En compagnie de son fils Nicolas, qui se charge de l’aspect technique et joue le rôle de l’animateur, le dessinateur, véritable puit à anecdotes, nous fait partager ses coups de coeur, quelques coups de gueules, nous montre des dessins, nous parle de son actualité. Un vrai bonheur.
Comme tout un chacun, François Walthéry, ce surdoué du crayon a vécu une période de confinement, liée à la crise du Coronavirus. Un vrai drame dans son cas. Plus, on en est certain, que pour tous les autres habitants de cette bonne vieille Terre. Pensez : pendant deux bons mois, cet infatigable procrastinateur s’est retrouvé cloué à sa table à dessin, sans moyen d’y échapper en se précipitant à une séance de dédicace, ou pour répondre à une interview impromptue, voire saluer de sa présence une manifestation en son honneur, et autres contraintes que la vie impose, à tous ceux qui ont une planche en retard. Quitte à faire jaser les moins compatissants. Triste monde.
Bonne nouvelle : ce géant, ce monsieur, celui qui, d’après la formule imagée du non moins géant Raoul Cauvin, son scénariste sur la série colombophile Le Vieux Bleu, « a un melon coincé sous chaque bras », là où ailleurs on parle d’un gros poil dans la main ; ce surdoué donc, en a profité pour avancer un peu sur le prochain Natacha, le 24, titré Chanson d’Avril, promis pour… bientôt !
Chanson d’Avril, la suite directe des albums 22 et 23, qui remettent au goût du jour une longue et belle histoire de L’Épervier bleu, illustre personnage créé par Sirius, auteur historique du beau Journal de Spirou. François en est à la page 10. Plus ou moins, parce qu’ils a tout dessiné, mais seulement encré les personnages, il reste à faire la plupart des décors, et c’est déjà magnifique. Quel talent !
Mais le talent, c’est selon la formule consacrée, 10% d’inspiration et 90% de transpiration. Dur, il faut donc étancher sa soif, c’est justice. Le résultat de ce goût pour la justice est à contempler le long du mur de la maison de monsieur Walthéry, les casiers vides de bouteilles de bière en témoignent, votre honneur. C’est Walter, le steward compagnon de mésaventure de la belle Natacha qui devait traîner dans le coin, c’est sûr, on connaît son penchant, insatiable, pour le houblon.
En attendant, tous ces efforts, surhumains, ont coûté quelques cheveux blancs supplémentaires sur le crâne du dessinateur, cheveux blancs invisibles quelques semaines seulement auparavant : mystère.
Dans la vidéo, nous voyons aussi la maison qui a servi de modèle pour celle de Jules, le héros du Vieux Bleu, voisine de celle actuelle de Walthéry. Nous voyons aussi le jardin du maître, son chat, sa poubelle, son vélo payé avec ses premiers droits d’auteur, un vestige, enfin nous voyons son espace de travail...
Nous voyons également que le dessinateur travaille sur deux originaux séparés : un pour le crayonné, plus la reproduction de ce crayonné imprimée, en bleu, sur du papier à dessin, le fameux bleu inactinique invisible à l’imprimerie, reproduction réservée à l’encrage. Deux originaux disponibles, donc, formule forcément plus rentable quand la vente des originaux, est devenue une part non négligeable des revenus à disposition, pour la plupart des auteurs...
La vidéo avance, les images défilent, plein de choses retiennent l’attention, des infos ou encore des dessins du regretté René Follet, dont un magnifique Docteur Poche d’après Wasterlain.
Si vous voulez avoir une idée de ce à quoi ressemblait François Walthéry avant le (terrible) confinement de deux mois ( bloqué à sa table à dessin, loin du désormais mythique Café Braham, QG de l’ auteur, aperçu dans Le Vieux Bleu), c’est à voir ICI, un live en direct justement du Café Braham, la fresque en fond en atteste, tourné le 1er mars dernier, pour les 50 ans de Natacha
De biens jolis moments, pleins de bonne humeur. Qui, en ces temps de tension et d’incertitude liés à la crise du Covid-19, valent tous les types de traitement médicamenteux qui accaparent l’actualité, efficaces ou non. Un vrai remède anti-stress.
Merci monsieur Walthéry pour votre joie de vivre.
Voir en ligne : WALTHERY SUR FACEBOOK
(par Pascal AGGABI)
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