Dans Mobilis in Mobile, il écrit : "Quand les vérités sont fatales - Qu’elles n’ont plus de bonne étoile - On les voit lever le voile -Tout leur est égal - Quand les vérités aux mains sales -Se construisent des cathédrales -Il vaut mieux fuir à la nage - Partir en voyage..."
C’est ce qu’a fait Hubert Mounier, alias Cleet Boris, son pseudo de dessinateur qui était aussi le nom du premier groupe qu’il constitua avec son jeune frère Vincent, alias Karl Niagara.
C’était un amoureux de la bande dessinée, et d’Yves Chaland en particulier, avec qui il partageait les mêmes références. Il publia deux albums aux éditions Magic-Strip : J’ai réussi ! (1985) et un titre dans la collection Atomium, l’un des plus réussis de la série : Le Temple de la paix (1986).
L’époque était -grâce à Rock & Folk et à Métal Hurlant- au cousinage entre la musique et la bande dessinée. Kent l’avait précédé, publiant dans Métal des pages étonnantes. Inversement, plusieurs auteurs de BD, parmi eux : les Dennis Twist, se partageaient entre la scène et la planche à dessin. Ces pionniers de l’interdisciplinarité créative annonçaient bien des développements à venir dans la bande dessinée : le décloisonnement des supports créatifs et ces "concerts de dessin" dont se gargariseront certains bien des années plus tard.
Mais avec la création de L’Affaire Louis’ Trio et son succès rapide, les deux autres membres du groupe, son frère Vincent et François Lebleu (alias Bronco Junior), le mettent devant ses responsabilités : impossible pour lui de mener les deux carrières de front.
Leur conseil était avisé : en 1987, le groupe emporte la Victoire de la musique de la "révélation variétés masculine" avec son premier album, Chic Planète, dont la couverture était précisément illustrée par Yves Chaland qui, entretemps, était devenu son ami. Il en résulte quelques-unes des mélodies les plus envoûtantes des années 1980 : Chic Planète, Tout mais pas ça !, Bois ton café, Succès de larmes, puis plus tard Mobilis in Mobile...
Au moment où il aborde la carrière en solo au tournant des années 2000, il reprend la bande dessinée. Ce sera Superhéros, en collaboration avec David Scrima en 1998, un album autobiographique où il raconte sa rupture avec L’Affaire Louis’ Trio, puis Créatures chez Soleil en 2003 où il reprend un projet qu’il avait un temps envisagé pour Magic-Strip, et enfin le récit en BD de sa dernière aventure musicale : La Maison de pain d’épice : journal d’un disque (Ed. Dupuis) en 2011. D’autres projets étaient en cours, notamment un album en hommage à Tarzan pour la collection Aire Libre.
"J’irai voir tôt au tard - Si les sirènes insistent - Sous les flots qui m’entraînent - Je suivrai leur piste - Car nul ne résiste - Au charme doux - De leur chant d’amour..." écrit-il encore. Les sirènes ont insisté...
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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Photos : D.Pasamonik (L’Agence BD)
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