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Hubert Mounier (alias Cleet Boris) : « La musique et la bande dessinée, c’est même culture : la pop culture ! »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 février 2011                      Lien  
Hubert Mounier/Cleet Boris. Le premier avait fondé L’Affaire Louis’ Trio (souvenez-vous : « Chic planèèète, dansons dessus ! », le second avait publié il y a longtemps des albums chez Magic-Strip. Il nous revient en BD avec un ouvrage référentiel où il nous parle… d’Hubert Mounier, le chanteur. Bon sang, quel(s) talent(s) !
Hubert Mounier (alias Cleet Boris) : « La musique et la bande dessinée, c'est même culture : la pop culture ! »
Cleet Boris - La Maison de pain d’épice : journal d’un disque
Ed. Dupuis

Vous avez commencé dans la BD pour switcher vers la musique. Comment cela s’est passé ?

En fait, j’ai commencé à faire de la BD au début des années 1980 pour faire de la pub à mon groupe L’Affaire Louis’ Trio. Je suivais ainsi les traces de Kent qui avait dessiné une pochette de son groupe Starshooter et et en même temps une BD dans Métal Hurlant. Nous y avions même publié une histoire courte ensemble.

Ma chance fut d’être publié par Magic Strip qui me poussa à faire un album intitulé «  J’ai réussi » dans lequel je racontais mes débuts difficiles à mes deux petits neveux, à la façon d’un Oncle Paul de 22 ans !

Ensuite j’ai publié dans la collection Atomium une aventure de l’Affaire Louis’ Trio, « Le Temple de la paix », qui est sorti en même temps que notre premier 45 tours, en 1986. Et le succès du groupe m’a éloigné de la BD pour quelques années... D’autant que mes anciens acolytes n’étaient pas très à l’aise avec cette imagerie BD.

Cleet Boris - La Maison de pain d’épice : journal d’un disque - Ed. Dupuis
Ed. Dupuis

La carrière musicale n’a pas l’air plus facile que celle de la BD. Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés ?

Ce sont des carrières risquées, c’est sûr, avec des hauts et des bas, mais c’est une chance incroyable de pouvoir faire que ce qui me passionne depuis tant d’années. Tant pis, s’il faut en baver un peu. Le succès est versatile, et seule la qualité m’importe réellement.

Le plus difficile a été de continuer en solo après quinze années passées dans un groupe. L’alcool m’a aussi bien démoli, il m’a fallu arrêter pour revenir à la réalité et reconstruire ma vie de fond en comble. Heureusement, mon ami Benjamin Biolay m’a évité de me retrouver totalement seul aux moments critiques, et j’ai pu continuer à écrire des chansons et à rencontrer des musiciens extraordinaires.

Cleet Boris - La Maison de pain d’épice : journal d’un disque - Ed. Dupuis
(C) Dupuis

Vous aviez déjà fait quelques tentatives de retour à la BD auparavant, mais là, on a l’impression que c’est du sérieux. Comment cela vous est-il arrivé ?

De loin en loin, je refaisais de la BD pour le plaisir, en fonction de mes envies et des opportunités. Jusqu’à la proposition de José-Louis Bocquet en 2008 de faire ce «  Journal d’un disque ». Je crois qu’il avait aimé « Super-héros », BD publiée en 1998, co-écrite avec David Scrima, qui racontait la fin de l’ALT, et il m’a proposé ce projet autobiographique au long cours autour de mon disque, alors que j’avais définitivement rangé mes crayons. Comme quoi !...

Entre les chapitres, des Madeleine de Proust graphiques signées Cleet Boris
(C) Dupuis.

Et un disque raconté de l’intérieur en BD était une première, j’espère que le public verra comment ça se passe en vrai. C’était l’occasion de montrer l’impact de la vie de tous les jours sur l’avenir d’un disque, les rencontres, les coups durs, les moments de grâce ou de désespoir...

Vous n’abandonnez pas la musique pour autant. Est-ce que c’est l’autofiction par la BD qui vous permet de mieux revenir ?

Je crois que, comme à l’époque de «  J’ai réussi », c’est un vrai plus de pouvoir se raconter en BD, car c’est un médium qui permet de dire des choses vraies ou douloureuses avec pudeur et humour. Toutes les pirouettes sont permises, comme les couvertures de BD des Akim de ma jeunesse que j’ai redessinées dans ce livre en y ajoutant mon visage, et qui illustrent chaque début de chapitre, c’était un régal à faire, la catharsis idéale pour survivre aux rudesses du showbiz.

Le disque qui sort le 22 février 2011 chez Naïve

Car les chansons sont de minuscules boîtes dans lesquelles on ne peut pas tout mettre. Et le besoin de dire ma vérité était grand ! Après 25 ans de carrière, je crois que les gens vont enfin savoir qui je suis...

Pour revenir à votre question, quand j’ai signé avec Dupuis, je n’avais plus de maison de disque, et j’avais déjà écrit une quinzaine de chansons, qui attendaient des jours meilleurs. Donc, c’est plutôt la musique qui voulait m’abandonner que l’inverse. La crise du disque, ce n’est pas une blague ! Mais les artistes doivent avoir la faculté de s’adapter pour survivre... et la chance ne fait pas de mal !

On le voit à Angoulême : le mariage entre la BD et la musique est de plus en plus naturel. C’est réel ou artificiel, selon vous ?

Depuis Crumb ou Gotlib, en passant par Margerin et Serge Clerc, la musique et la BD cohabitent naturellement pour moi, et quand je vois combien de dessinateurs font aussi de la musique, je crois que c’est simplement la même culture, la pop culture ! Que le marketing en fasse un créneau commercial à part entière est une autre histoire. On a toujours nos yeux et nos oreilles pour juger du résultat...

Propos recueillis par Didier Pasamonik

La BD sort le 18 février chez Dupuis et le disque le 22 février chez Naïve.

Hubert Mounier alias Cleet Boris
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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