À côté d’un monument comme Feldstein, la carrière de Dick Ayers peut passer pour modeste. L’aborder sous cet angle de comparaison serait cependant une erreur de jugement. Pour Ayers, on soulignera plutôt la persévérance, avec une carrière de plus de soixante-cinq ans.
Dick Ayers fait partie de ces artistes qui ont connu les balbutiements du comic book et l’on solidement accompagné dans sa croissance. Sa carrière de plusieurs décennies couvre surtout l’âge d’or et d’argent des comics. Rien que pour cette raison, il mérite d’être apprécié parmi ceux qui comptent. Dick Ayers était aussi un artiste des comics complet : dessinateur, encreur, scénariste, lettreur, coloriste..., talents qu’il a exercés chez la plupart des éditeurs de la place.
Richard "Dick" Ayers est né à Ossining, New York, en 1924. Incorporé dans l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale, il est chargé de personnaliser le nez des avions. il dessine aussi sa première bande dessinée Radio Ray dans le journal de l’Armée. Il reprend ensuite des cours de dessin à la Cartoonists and Illustrators School, dirigée par Burne Hogarth avec qui il resta très lié. Il a travaillé pour Siegel & Shuster, les créateurs de Superman, sur la série Funnyman. Pendant des années, il dessine ou encre des comics d’horreur, de western, de guerre, de monstres, d’humour, de polar pour différents éditeurs.
C’est d’abord le western qui le fait connaître quand il lance le Ghost Rider des origines : un spectral cavalier blanc qui terrifie ses adversaires. Puis il travaille sur les exploits d’un super-héros masqué nommé The Avenger. Il devient un encreur régulier de Jack Kirby qui le considérait comme l’un de ses collaborateurs favoris. Pour Timely, devenu Marvel Comics, il dessine ou encre toute une série de titres de super-héros. Des Fantastic Four au Sergent Fury en passant par Hulk, Giant-Man et Captain America. On retrouve sa patte sur de nombreux épisodes marquants de l’histoire des comics.
Dans les années 1970, Ayers, quitte Marvel pour DC Comics. On le retrouve sur Freedom Fighters, Jonah Hex, Wonder Woman et Kamandi. Il va ensuite chez Archie Comics .
Jusqu’à la fin de sa vie, il reste actif dans les comics, publiant il y a quelques années une autobiographie dessinée en trois volumes, sur la suggestion de son épouse, parce qu’il lui était pénible de l’écrire comme la forme d’un article, le dessin lui étant plus naturel.
Ayers était réputé pour sa capacité à tout dessiner et à tenir les délais. On le disait fiable et il l’était. Ayers a toujours su rester dans la course malgré les courants et les modes. À la fin de sa vie, il regrettait que l’industrie des comics ne l’ai pas laisser dessiner, encrer et lettrer son propre travail."Mais finalement avec mon autobiographie dessinée, c’est ce que j’avais fini par faire à plus de quatre vingt ans " ajoutait-il avec malice !
Dick Ayers a été aussi professeur de dessin dans l’école de Joe Kubert et au prestigieux musée Guggenheim. Il nous a quitté le 4 mai 2014 à son domicile, suite à des complications liées à la maladie de Parkinson, une semaine après ses 90 ans. Il avait été intronisé au Will Eisner Hall of Fame en 2007
(par Pascal AGGABI)
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