Vieux et malade, l’ex-boxeur Emile Griffith fait le point sur sa vie, hanté par la mort d’un de ses adversaires sur le ring. Dans une confession fantasmée, Griffith raconte son parcours étonnant, partant des Iles Vierges pour arriver à New York. Mais il évoque surtout sa constante frustration, entre son désir de plaire à ses soutiens, ses envies de création dans la mode chapelière, et son homosexualité mal acceptée.
Reinhald Kleist, à l’orée de la cinquantaine, s’impose avec cette nouvelle réussite comme l’auteur de biographies en BD le plus marquant de ces dernières années. Il trouve à la fois des sujets forts, narrant des vies totalement uniques, et une puissance narrative particulière. Son emploi du noir et blanc doit autant à l’énergie des comics qu’à la créativité des romans graphiques. Une sorte de pont entre traditions européennes et sens de l’efficacité américain.
L’ existence mouvementée d’Émile Griffith apporte des éléments de réflexion sur la lutte contre les discriminations sexistes, mais aussi dans le débat sur le statut des Noirs, et pas seulement aux États-Unis. Ce boxeur homo, qui n’aura jamais vraiment caché ses préférences, n’aura fait son coming-out qu’à 70 ans. Les déclarations de certaines stars (au tennis notamment) ont montré que les mentalités ont bien évolué depuis, même s’il reste beaucoup à faire, surtout côté masculin.
(par David TAUGIS)
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