Accroché à l’arrière de la mob de son copain Mike, le jeune Frantz qui s’essaie à faire des BD où il exorcise le divorce de ses parents, a la tête dans les étoiles : La Mano Negra, leur groupe préféré à son copain et à lui, se produit à 100 km de leur bled engoncé dans l’ennui. Allez hop ! On sèche deux jours de cours et on fonce sur Bordeaux ! En mob ? Oui, c’est un peu présomptueux et, bien évidemment, l’équipée sera semée d’embûches, de déceptions... Cent fois, la promesse du concert se trouve compromise. Mais la chance est là et nos deux lascars ne savent pas encore à quel point ils auront ce jour-là... la main heureuse !
Originaire d’Angoulême, Frantz Duchazeau est quasiment né avec le Festival. C’est grâce à lui qu’il fait un stage de BD qui décide de sa vocation. À 19 ans, il monte sur Paris, travaille pour les magazines Disney, s’essaie à la BD classique, erre un peu dans Spirou et au Lombard, puis, grâce à Gwen de Bonneval, fréquente l’Atelier des Vosges qui compte parmi ses locataires ou ses visiteurs de passage quelques-unes des figures majeures de la BD contemporaine comme David B., Christophe Blain, Marjane Satrapi, Joann Sfar, Tronchet, Lewis Trondheim, Frédéric Boilet, Marc Boutavant, Émile Bravo, Emmanuel Guibert, Alain Ayrolles, Nicolas de Crécy ou Fabien Vehlmann,... Son style se libère, devient plus "arty", plus "musical"...On connaît la suite : La Nuit de l’Inca (Sc. Vehlmann, Ed. Dargaud), avec Gilgamesh (Sc. Bonneval, Ed. Dargaud)), Les Cinq conteurs de Bagdad (Sc. Vehlmann, Ed. Dargaud), Les Vaincus (Ed. Dargaud) et Meteor Slim (Ed. Sarbacane), Les Jumeaux de Conoco Station (Ed. Sarbacane) qu’il réalise seul, un album en hommage à Méliès avec Vehlmann (Dargaud), Lomax (Ed. Dargaud) et le récent Blackface Banjo (Ed. Sarbacane)... Rien à jeter ! Que des œuvres sensibles, personnelles, à cœur ouvert, sans prétention et en tout cas sans la pesanteur de ces créateurs omniscients qui se répandent dans les médias croyant marquer l’Histoire. [1]
La Main heureuse est à la fois un chant d’amour à la Mano Negra, un groupe qui a illuminé la jeunesse de l’auteur : "Il nous relate ce qu’ont pu vivre en live et en rêve les fans de la Mano" écrit Jackie Berroyer qui signe la préface de cet ouvrage, et une évocation nostalgique d’une enfance toute simple pétrie d’amitié, d’amour, de fantasmes, d’espoirs et de petits malheurs mêlés des moments heureux inoubliables. Un joli moment de lecture.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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