Résistances (3/3) : Le rôle essentiel des Justes

En 1953, l’État d’Israël créa, en même temps que son mémorial de la Shoah, le Yad Washem, le titre de "Juste parmi les nations" ou "Généreux des nations du monde" selon l’expression tirée du Talmud tirée (traité Baba Batra, 15 b). [1]

Ce titre honore les personnes qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs sans pour autant rechercher aucune récompense en retour. Des gens qui ont résisté contre la barbarie en faisant acte d’humanité. Cette distinction peut être individuelle, ou collective comme cela a été le cas pour le village français du Chambon-sur-Lignon, le village néerlandais de Nieuwlande, le réseau polonais Żegota ou la Résistance danoise. En France, les trois-quarts des Juifs du pays ont été sauvés notamment grâce à de tels actes de générosité. La demande est instruite par le Yad Vashem : il faut produire des témoignages, des preuves, et son acceptation se traduit par l’octroi d’une décoration, un arbre nominatif se trouvant planté au Mont des Oliviers.

L’Île des Justes - Corse, été 42 - par Stéphane Piatzszek et Espé

(c) Ed. Glénat

L’Île des Justes

Depuis quelques années, un certain nombre de. juifs militent pour que la Corse ait ce statut. L’affaire n’est pas simple, car il n’est pas facile de recueillir des témoignages de la part d’un peuple aussi taiseux... Le Grand Rabbin de France est même jusqu’à aller plaider à la Knesset. Stéphane Piatzszek (Cavales, Commandant Achab, L’Or...), par le biais d’une fiction extrêmement bien documentée, apporte sa pièce au dossier.

L’Île des Justes - Corse, été 42 - par Stéphane Piatzszek et Espé

(c) Ed. Glénat

Dans L’Île des Justes (Ed. Glénat) dessiné par Espé (Châteaux Bordeaux, Sept Jours pour une éternité...) , il raconte l’histoire de Suzanne Cohen, juive traquée par la police de Vichy, passée en contrebande avec un jeune enfant par un pêcheur corse depuis Marseille. Mais la police du port veille et la voilà bientôt cueillie par ses agents à son arrivée à Bastia, le pêcheur inquiété, jusqu’à ce que le préfet de l’île intervienne qui les récupère et organise leur évasion. Suzanne et Sacha seront sauvés par le curé d’un village, toute une solidarité s’organisant autour d’eux pour échapper à des policiers collabos un peu trop zélés et que les résistants sauront faire taire.

Le dessin d’Espé est clair et précis et rend bien toute l’humanité de ce drame très bien mis en scène par Piatzszek, en même temps que les costumes, les bâtisses, les paysages et la lumière de l’Ile de Beauté. L’Île des Justes est un beau livre de résistance qui donne un éclairage inédit sur le rôle méconnu des Corses dans le sauvetage des Juifs pendant la Shoah.