Les éditeurs de bande dessinée multiplient les solutions pour maintenir leurs classiques dans les bibliothèques des lecteurs : intégrales, formats compacts, éditions augmentées d’inédits… Mais comment recruter de nouveaux lecteurs alors que la presse de prépublication n’existe quasi plus, concurrencées qu’elle est par la présence des albums en librairie ? La solution est de s’allier à un grand support national et de proposer des albums à la vente à un prix attractif. Le phénomène n’est pas nouveau : Les Echos, Le Soir, Télérama ou Le Figaro proposent depuis quelques années déjà qui une édition spéciale de Tintin, qui les classiques de l’humour ou les aventures de Blake & Mortimer.
Mais l’été est un enjeu car le trafic augmente dans les gares et la perspective d’une heure ou deux de lecture en train (on achète ainsi la paix des enfants) ou sur la plage est l’occasion d’un achat d’impulsion que les grands noms de la bande dessinée ont le don de susciter.
Ce qui frappe, c’est que la tendance s’enracine et fait même l’objet d’éditions de plus en plus luxueuses, complétées de dossiers qui permettent d’entretenir la flamme des séries mythiques. Une montée en gamme qui valorise les classiques par un prestige renouvelé. On est ainsi surpris de voir à quel point la série XIII, la mythique série de William Vance et Jean Van Hamme, lancée début juillet par Le Figaro jouit d’un format, d’une qualité d’impression et d’une reliure à un prix évidemment attractif au départ (les premiers volumes sont à moins de cinq euros pour un album cartonné et relié avec un dos toilé), règle du marketing oblige, mais se stabilise à 8,90 euros alors que l’album classique est à 10,95 euros en librairie.
À l’international aussi
L’autre chose remarquable est que le phénomène s’internationalise. Ainsi, en ce mois de juillet, le grand quotidien national portugais Publico propose la collection complète de Gaston Lagaffe à 2,90 euros, là aussi complété par un dossier fouillé du spécialiste de la bande dessinée et critique du Publico Carlos Pessoa.
L’enjeu est clairement ici de recruter de nouveaux lecteurs. Comme la tendance s’installe depuis quelques années, on se dit que, décidément, les classiques ont la peau dure.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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