C’est la fin de la Guerre du Vietnam. Les communistes du Nord prennent le contrôle du Sud, et une nouvelle république s’installe. Pour les autres, l’exil est la seule issue ; ils deviendront ceux qu’on appellera les Boat People. Mais à Saïgon, d’autres destins se jouent : des femmes attendent une libération : Lady Ace rêve d’un mariage américain, tandis que Vivi joue sa carte en pleine fuite vers l’aéroport, histoire de se débarrasser d’un vieux mari retors. Et dehors, les armes tonnent en tous sens.
Dernier volet d’une trilogie consacrée à l’histoire du Vietnam depuis l’Indochine jusqu’aux années 1970, Lady Ace brille autant par son scénario fiévreux que par ses couleurs foisonnantes. La construction originale du récit, découpé en chapitres de longueurs variables, donne une énergie constante à des scènes qui gardent en toile de fond une panique générale croissante. Au milieu de ce chaos vertigineux, les personnages principaux se comptent sur les doigts de la main. Des gros plans qui oscillent entre un réalisme photographique et des cases aux couleurs décalées.
Lady Ace révèle une complicité de chaque planche entre des auteurs inspirés et passionnés. Le scénariste Clément Baloup, n’en finit pas de raconter des destins vietnamiens marquants avec toujours une empathie contagieuse. Il crée depuis des années une œuvre importante sur une mémoire menacée par les réussites d’une intégration diasporique – en France notamment – rassurante.
(par David TAUGIS)
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