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Le 18e Festival de la bande dessinée de Zagreb expose dans... la Mosquée

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 mai 2015                      Lien  
C'est un lieu fascinant, une immense rotonde où s'alignent près de quatre cents planches de bande dessinée signées d'artistes français, italiens, espagnols, croates, serbes, bosniens... Au rez de chaussée, de ce centre d'art surnommé "La Mosquée" par les Zagrebois, le festival bat son plein, les auteurs signant dans une ambiance bon enfant dans la lumière d'une voûte hypnotique.
Le 18e Festival de la bande dessinée de Zagreb expose dans... la Mosquée
L’impressionnant patron du Festival BD de Zagreb, le colosse Slaven Goricki

Quel étrange monument que ce bâtiment de la HDLU (Société des artistes croates), un lieu d’exposition et d’animation culturelle qui accueille cette année, à l’occasion de l’Année de la France en Croatie, le 18e Festival de la bande dessinée de Zagreb.

D’une blancheur éclatante, il surplombe la Place des victimes du fascisme. Construit en 1938 par le sculpteur Ivan Meštrović, il devait être dédié aux Beaux-arts. Mais, nous apprend le directeur de l’Institut Français, Luc Levy, pendant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement oustachi, soucieux de complaire à la minorité musulmane de Croatie, alors que parallèlement, les Orthodoxes serbes, les Juifs et les Tsiganes se faisaient sauvagement exterminer, transforma le lieu... en mosquée, trois minarets étant rajoutés à l’édifice. À la Libération, en 1945, le mufti de Zagreb, Ismet Muftić, fut pendu devant le bâtiment pour collaboration avec l’état fasciste oustachi et les minarets furent abattus. En 1949, le bâtiment retrouva sa fonction artistique originelle. Cependant, les Zagrebois continuent de surnommer le lieu "La Mosquée"...

Cette magnifique rotonde fut pendant cinq ans une... mosquée !
Un immense espace d’exposition.
Vue des tables de dédicace. Contrairement à la France, les Croates n’aiment pas que l’on dédicace sur leurs albums. Ils préfèrent les feuilles libres.

C’est donc dans cette "mosquée" que se tenait ce week-end le 18e Festival de la bande dessinée de Zagreb. Nous vous expliquions voici deux ans les spécificités du marché de la bande dessinée en Croatie, dont la population équivaut à peu près celle de la Wallonie. Ce (petit) festival est à cette image mais atteint cette année une dimension nouvelle : d’abord par la surface d’exposition qu’elle offre : plusieurs auteurs internationaux sont mis à l’honneur dont les Français Francis Vallès qui expose les planches des Maîtres de l’orge et de Rani en même temps que Pierre Alary, le dessinateur de Belladonna, Silas Corey), l’un et l’autre invités d’honneur dans le cadre de l’Année de la France en Croatie

Les Français Francis Vallès et Pierre Alary, en compagnie du dessinateur croate Goran Parlov (au centre), publié par la Marvel.
La France était l’invitée d’honneur du Festival 2015.
Au milieu des centaines de planches, les enfants dessinent eux aussi...
Le "grand d’Espagne" Alfonso Font

L’autre grand invité des cimaises est l’Espagnol Alfonso Font dont on retrouve la plupart des travaux, de la fin des années 1970 à nos jours. À ses côtés, les artistes de l’éditeur italien Bonelli Lola Airaghi, Fabio Celoni, Daniele Bigliardo et Mauro Laurenti. Enfin quelques-unes des signatures yougoslaves qui brillent à l’étranger comme les Croates Daniel Zeželj, Frano Petruša, Goran Parlov, Talibor Talajić, Goran Sudžuka, Fran Strukan, l’illustrateur Ive Vortcina..., le Serbe Igor Kordej ou le Bosnien Maza. Une suite de 22 planches d’un récit complet du Punisher signée Goran Parlov a particulièrement fait impression.

"C’est la plus grande exposition de planches jamais faite en Croatie", siffle, admiratif, l’éditeur Marko Šunjić. C’est vrai que le festival vient de passer un niveau qualitatif, notamment grâce à ses nombreuses animations : conférences, rencontres, débats, animations avec les enfants... En dépit de l’étroitesse du marché, Zagreb peut peut-être devenir un festival avec lequel il faudra peut-être compter à l’avenir. Son organisateur, Slaven Goricki en nourrit secrètement l’espoir.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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4 Messages :
  • Dans une mosquée ? et alors, où est le problème ?

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    • Répondu le 18 mai 2015 à  12:20 :

      Aucun, ce n’est pas une mosquée. C’est comme ça qu’ils l’appellent puisque le bâtiment a eu cet usage un temps. Un peu comme si on parlait de la "centrale" à propos de la Tate modern, de l’usine LU à Nantes ou de tas d’autres bâtiments réaffectés.

      Mais c’est moins croustillant...

      Répondre à ce message

    • Répondu par Fab le 18 mai 2015 à  13:21 :

      Y’a pas de problème, y’a un paradoxe, car souvenez-vous en janvier : au nom de d’un Islam (totalement dévoyé, c’est peu dire) deux types ont flingué des dessinateurs parce qu’ils faisaient des dessins. Vous voyez le rapport maintenant ?

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    • Répondu le 18 mai 2015 à  15:19 :

      Là où vous croyez en voir un , cher ami troll.

      Répondre à ce message

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