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Le dessinateur Ndrematoa (1956 – 2023), mémorialiste de la vie urbaine malgache, s’en est allé.

Par Christophe CASSIAU-HAURIE le 13 janvier 2024                      Lien  
Pendant près de 40 ans, Ndrematoa (prononcer "Djematou") a entraîné les lecteurs dans la vie quotidienne du petit peuple de Tananarive, avec des personnages se débattant pour essayer de survivre à travers toutes sortes de stratagèmes (corruption, violence, prostitution, trafics en tous genres, etc.) que le dessinateur dessinait avec verve dans un magnifique style graphique très proche de Gotlib dont il était un admirateur inconditionnel.

Employé pendant plus de 30 ans à l’Institut français de Tananarive, Ndrematoa a débuté comme sérigraphe dans un atelier local de la capitale. Par la suite, il fut successivement caricaturiste au quotidien Atrika et à l’hebdomadaire Vaovao du ministère de l’Information (1982-1986), maquettiste pour la société Colormad (1986), caricaturiste à la revue Capricorne de l’Ambassade de France (1987-1997).

Le dessinateur Ndrematoa (1956 – 2023), mémorialiste de la vie urbaine malgache, s'en est allé.

En matière de BD, il a commencé sa carrière au sein des éditions Horaka et Eh ! (1982-1985) pour lesquelles il a dessiné plusieurs séries et participé à plusieurs revues (dont Za… ! avec l’histoire courte Takalom-patsa, sur un scénario de Rapé). Il fut l’un des deux dessinateurs malgaches (avec Richard Rabesandratana), présents en 1986 au Salon International de la bande dessinée d’Angoulême où, pour la première fois, un stand Afrique et océan Indien était réservé aux dessinateurs venus du continent.

Ndrematoa a participé à plusieurs collectifs à Madagascar (Aventures dans l’océan Indien, 1984 ; Les fables de La Fontaine, 1996 ; Les jeux sont faits, 1997 et Sary Gasy, 1999) et un autre en France chez Albin Michel (P’tit Luc présente : Les Africains dessinent l’Afrique, 2005, avec La vie d’un pêcheur). Il a également participé à Bédégasy n° 0 (1996) publié par le Club BD de l’Alliance française de Tananarive.

Il compte plusieurs albums individuels à son nom, publiés sur le tard : Citron (Centre culturel Albert Camus, 2005) et Vendetta (Ed. Tsipika, 2008). Ceux-ci ont été réunis en un seul volume dans la collection L’Harmattan BD publié en 2013 : Tana blues.
Son dernier album datait de 2020, La porte du sud, publié aux éditions Des bulles dans l’océan sur un scénario de l’écrivain Johary Ravaloson.

Sa mort le 11 novembre 2023 l’empêchera de terminer son dernier projet, Traifeka, qui, comme à son habitude, plongeait le lecteur dans l’univers des petites gens d’Antananarivo et dans leur survie quotidienne, entre combines minables et rêves de jours meilleurs.

Son dessin nerveux, en noir et blanc, tout en mouvement, à la fois drôle et pathétique, tendre et corrosif, fortement influencé par Gotlib, dégageait un dynamisme et une rare énergie.

Il quittera l’Institut Français en 2018 pour prendre sa retraite. Malheureusement, le décès de son épouse et une surdité handicapante viendront assombrir les dernières années de sa vie.

Cet homme sympathique et chaleureux, ce dessinateur talentueux va nous manquer.
L’Institut Français de Tananarive lui rend hommage à partir du 9 janvier.

(par Christophe CASSIAU-HAURIE)

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Code EAN :

✏️ Ndrematoa Madagascar Décès 2024
 
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