Vierges : La folle histoire de la virginité - Par Elise Thiébaut (...)

Vierges : La folle histoire de la virginité - Par Elise Thiébaut & Elléa Bird - Ed. Le Lombard

Par Louise Ageorges le 12 janvier 2024

Lien

Vierges : La folle histoire de la virginité - Par Elise Thiébaut & Elléa Bird - Ed. Le Lombard

Relier Jeanne D’Arc et Britney Spears ? On en rêvait, et elles l’ont fait ! Elise Thiébaut s’attaque au mythe de la virginité dans Vierges : La folle histoire de la virginité, qui paraitra le 19 janvier aux Éditions Le Lombard. Après une quinzaine de publications dont le roman à succès Ceci est mon sang, paru en 2017, la scénariste s’attaque à la bande dessinée accompagnée à l’illustration par Elléa Bird. Roman graphique, littérature jeunesse, la dessinatrice lyonnaise compte elle aussi un grand nombre de publications à son actif. Mêlant Histoire et sujets de société, les deux autrices produisent une BD certes drôle et pédagogique, mais loin d’être novatrice.

L’ouvrage débute sur le témoignage de la jeune Elise Thiébaut. Née dans les années 1970, l’autrice, dessinée par Elléa Bird, se livre sur ses premiers questionnements sur la sexualité.

Toujours vierge, la jeune Elise s’inquiète, se compare à ses copines, interroge sa mère... Mais pourquoi en faire un monde de cette fameuse virginité ? Entre curiosité, excitation, honte et inquiétude, l’autrice nous replonge dans ces premières années de puberté dans lesquelles les nombreuses questions ne trouvaient pas toujours de réponse. Eh bien, qu’à cela ne tienne !, avec Vierges, l’autrice inscrit cette notion dans une dimension plus historique, voire mythologique, déconstruisant un mythe tant physique que politique.

Vierges : La folle histoire de la virginité - Par Elise Thiébaut & Elléa Bird - Ed. Le Lombard

Contes médiévaux, transidentité, violences sexuelles, l’album Vierges brasse un large spectre de thématiques, s’attaquant à ce concept dans les plus petits détails de sa construction. Journaliste de profession, Elise Thiébaut inscrit ses recherches dans une pluralité de domaines : histoire des sciences, histoire littéraire, linguistique, nous offrant ainsi une étude complète et bien référencée.

Si vous êtes friand d’expressions grivoises, Vierges devrait vous aider à briller en société. “Tremper son biscuit dans le champagne”, “tenir la chandelle”,... autant d’expressions qui ont traversé l’histoire et qui prêtent à sourire lorsqu’on apprend leur origine. Faits d’actualités, témoignages personnels, anecdotes historiques, Elise Thiébaut dépeint, avec humour et finesse, le récit passé et présent qui entoure ce statut si singulier.

Accompagnées par les illustrations éducatives et colorées d’Elléa Bird, les deux autrices forment un duo tout à fait qualitatif. « Je pense qu’il est rare d’avoir une telle connexion de travail » affirme l’illustratrice en évoquant sa comparse dans le communiqué de presse. Une complicité qui se ressent dans cette complémentarité entre la masse informative et un dessin qui tend à adoucir et simplifier, proposant un large travail de vulgarisation.

L’ouvrage rend visible la virginité comme une construction sociale et idéologique, lourde de conséquence et aux origines multiples. Malheureusement, malgré un effort certain de vulgarisation, l’ouvrage souffre de ce trop-plein d’informations et devient vite indigeste à la lecture. Si l’ouvrage s’ouvre sur le témoignage édifiant de l’autrice, il est vite rattrapé par l’inscription historique des termes, mettant l’intime au second plan. Un choix frustrant marquant la rupture avec l’identification qui faisait la richesse de ces premières pages.

Vierges : La folle histoire de la virginité est un beau projet éducatif, ouvrant une première porte sur des questionnements plus profonds sur la sexualité, la misogynie et le rapport global au corps féminin, à ses symboliques...

Dans la continuité de Pénélope Bagieu et Blanche Sabbah, les autrices lient vulgarisation féministe et récit historique avec humour et pédagogie, un concept maintenant largement exploité. Mais si ce format est et restera nécessaire, il tend à souffrir de ses répétitions et longueurs et mériterait d’être réinventé pour impliquer un public désormais plus largement renseigné.

(par Louise Ageorges)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.