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Les 10 ans des éditions de la Cerise

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 mai 2013                      Lien  
Nul n'est besoin d'une production gigantesque pour exister dans le domaine éditorial. Nul n'est besoin de vendre de grandes quantités de livres non plus. En 10 ans et 14 publications, les éditions de la Cerise cornaquées par Guillaume Trouillard affichent un joli bilan avec la découverte de nouveaux talents et une belle identité graphique.
Les 10 ans des éditions de la Cerise
Clafoutis N°5 - Le dernier numéro paru
Éditions de la Cerise

" Toujours vivant !" constate, presqu’un peu surpris, Guillaume Trouillard, le timonier des éditions de la Cerise et de sa revue-pilote Clafoutis. Il y a eu dès le départ plein de raisons de fondre les plombs, raconte-t-il. Cela aurait pu s’arrêter dès la deuxième année, et la suivante aussi. Et puis, ce cap-là a été passé et, finalement, c’est une gestion assez saine : je ne me rémunère pas sur l’affaire, ça aide, et puis on attend que la trésorerie soit là pour faire les livres."

Éditer, se faire publier, c’est un rêve pour de nombreux aspirants dessinateurs. Certes, aujourd’hui, il y a les blogs, mais le livre, c’est autre chose. Guillaume Trouillard et ses amis ont accompli leur rêve : "Il n’y avait pas vraiment de programme. Cela commence par une revue un peu fofolle, Clafoutis, qui s’annonce être le laboratoire de quelque chose, mais les rêves se sont plutôt réalisés."

Aucune déception à l’horizon, donc. "C’est quasiment la même promo qu’au départ : Vincent Perriot, Samuel Stento, Grégory Elbaz, Sébastien d’Abrigeon, Thomas Gosselin, Charles Razack,... il n’y a pas eu de split !"

Mais, dans ce groupe, certaines individualités, comme Vincent Perriot, ont décollé dans le monde de la BD, d’autres sont restées dans l’ombre, se sont détachées du 9e Art : "Cela, c’est le chemin que prennent les auteurs..." explique simplement Guillaume Trouillard qui reste depuis 10 ans seul à la barre.

"Dog" de Vincent Perriot
(c) Éditions de la Cerise

Est-il le Jean-Christophe Menu de la Cerise ? "C’est assez clair depuis le début : je porte la structure sur mes épaules, c’est en cela que la situation était peut-être plus simple : ce n’est pas un travail collectif. On n’a pas vraiment de best-sellers non plus. La plupart des projets de la Cerise sont des premiers albums. Vincent Perriot a fait son trou. Il travaille sur d’autres projets qui ont plus de retentissement et donc cela nous aide à porter ce label. Il arrive à faire la part des choses : il sait ce qu’il peut proposer à la Cerise et ce qu’il peut publier ailleurs. Mais en ce qui me concerne, je n’ai publié qu’à la Cerise, je suis donc forcément un auteur-phare du catalogue ! Cela dit, je suis autant fier d’un livre qui a fait un bide que pour un livre qui s’est bien vendu. Je ne distingue pas vraiment les auteurs qui ont fait "carrière" et ceux pour lesquels on se serait "trompés".

Est-ce que pour autant, les auteurs de la Cerise vivent de leur art ? Guillaume Trouillard répond par l’affirmative : "À la Cerise, ils n’en vivent pas ! Ils ne peuvent pas faire une année complète avec leurs droits d’auteurs. Mais la plupart d’entre nous vit de sa pratique, comme illustrateur par exemple. La Cerise, c’est un lieu d’expression, d’expérimentation ; on y travaille de façon conjointe. Il faut que l’auteur ait envie de participer au Clafoutis de façon bénévole, de s’offrir un espace de liberté, un terrain de jeu. À chaque fois que le besoin d’un nouveau numéro se fait ressentir, il est commun. Il y a un ou an ou deux qui passent, chacun revient avec des dessins dans ses cartons. Cela nourrit la pratique, du reste : on en peut pas comprendre le travail de Perriot ou de Elbaz sans cette étape-là."

La Male Note de Gabriel Hemsch dans Clafoutis N°5
(c) Éditions de la Cerise
"La Saison des flèches" de Samuel Stento et Guillaume Trouillard
(c) Éditions de la Cerise

Est-ce que la petite édition est plus dure aujourd’hui qu’hier ? Guillaume Trouillard le pense : " Assez objectivement, les conditions sont plus dures. Mais comme nous avons acquis de l’expérience et ce que ce que nous avons engagé porte ses fruits, cela fait un chemin qui suit son cours. Si j’avais commencé aujourd’hui, pour le coup, je pense que cela n’aurait pas été possible de continuer."

Cela n’empêche pas Clafoutis d’accompagner de nouveaux talents. Dans le dernier numéro, il y a trois étudiants, mais aussi le vétéran chinois Dai Dunbang, 75 printemps à la floraison des cerisiers, qui fait là sa première publication en France.

Et puis Emmanuel Guibert qui est venu apporter son soutien à l’équipe, comme David B dans le précédent numéro précédent. Le dessinateur et prof à l’École Supérieure de l’Image à Angoulême Dominique Herody a quant à lui fait un scénario pour Gregory Elbaz...

La ligne éditoriale de la Cerise ? "J’ai tendance à faire confiance aux images, c’est pourquoi, souvent, elles sont muettes. Je me mêle toujours les pinceaux quand je dois définir la pseudo-ligne éditoriale. Elle correspond à des goûts complètement subjectifs. Les gens la remarquent en constatant la cohérence du catalogue."

Avec ses ventes modestes : 4000 exemplaires en cumul pour La Saison des flèches de Stento et Trouillard et 1500 exemplaires par numéro de Clafoutis, La Cerise reste de la "petite édition" dont la pertinence grandit de jour en jour.

"Nous étionss souverains" par Guillaume Trouillard dans Clafoutis N°5
(c) Éditions de la Cerise

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

La Cerise et Clafoutis sont diffusés par Makassar.

En médaillon : Guillaume Trouillard. Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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