Les Dérivantes - T1 - par Laurand - Les Humanoïdes Associés

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Belle création de monde fantastique que ce premier album, où des îles à la dérive sur les eaux abritent une civilisation pré-industrielle.

Papille est une gamine pleine de vie, dont la mère essaie tant bien que mal de tenir la taverne familiale, après le départ (forcé) pour la guerre du père. La vie n’a pas l’air très facile sur la dérivante de Bourne, l’une des grandes îles baladeuses du monde créé par Laurand, qui réalise ici son premier album, tout seul comme un grand. Quand un oncle détestable décide de mettre la main sur la mère de Papille, décision est prise de partir à l’autre bout de l’île, où les attend, pensent-t-elles, un avenir meilleur. Mais les choses ne vont pas se passer comme elles l’espèrent...

L’auteur a choisi de nous immerger (sans jeu de mots) dans son univers, lançant de multiples pistes, nous présentant toute une galerie de personnages, en utilisant une narration menée du point de vue de l’héroïne, ce qui donne un éclairage singulier et, finalement, limite intelligemment l’étendue de la compréhension de ce monde. Dans le même ordre d’idée, l’opposition entre le ton employé par la jeune fille, léger et optimiste, et les scènes parfois dures (exécutions publiques de criminels, par exemple), contribue à désarçonner le lecteur, de plus en plus intrigué. Le souci de créer de nouveaux mots (mérilien, mestrilien, etc.) participe également au plaisir de la découverte.

Le dessin de Laurand est agréable à l’œil, croquant de véritables gueules, et construisant petit à petit un monde crédible où les aspects fantastiques sont rares et impressionnants. La narration donne une impression de grande densité, peut-être par la présence limitée de grandes cases.

Ce premier album des Dérivantes (joli titre, d’ailleurs, à la fois simple et évocateur) est donc très convaincant, peut-être parce qu’il ne répond que peu aux questions que se pose le lecteur, tout en animant plusieurs personnages crédibles et bien vivants.

(par François Peneaud)

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