Au commencement était le complot. Au-delà de ce que l’on voit, au-delà même de ce qui existe, une race extra-dimensionnelle horrible ambitionne de coloniser notre planète. Pour ce faire, elle en déforme la réalité. Heureusement, de valeureux résistants ont mis à jour la manœuvre et luttent pied à pied avec les envahisseurs. Mais l’entreprise est périlleuse. Le jeune Dane McGowan, alias Jack Frost, un voyou rangé des voitures se destinant à incarner le nouveau Bouddha, n’a même pas eu le temps de faire ses classes que déjà il se trouve confronté à la maléfique Conspiration…
Ce second volume permet de faire connaissance avec Lord Fanny, un travelo brésilien initié à la magie indienne. Il faut dire que, descendant d’une longue lignée de sorcières, le garçon a toujours été habillé et a vécu comme une fille. Au moment de son initiation, sa grand-mère simule les règles en lui faisant une entaille dans la cuisse. Le Dieusquelette n’y verra du feu. Si l’on se fie aux apparences…
Dans un récit qui se passe à la fois dans le passé, le présent et le futur, dans l’irréel et le réel, qui assume aussi bien ses références que ses outrances, il faut parfois s’accrocher pour suivre les aventures du groupe. Il faut dire qu’entre King Mob, karateka expert en culture occulte et tantrique, la sorcière télépathe Fleur de Coucou, le prêtre Trip-Hop Jim Crow, star du vaudou, la flic new-yorkaise proto-queer Mec, on n’a pas le temps de souffler question freaks.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Dans un écheveau complexe à souhait, Morrison nous livre un récit intelligent qui évoque aussi bien Frank Miller pour la construction des intrigues en scènes-gigognes, qu’Alan Moore dans cette capacité de se jouer de l’espace et du temps tout en distillant une lecture subtile des mythologies, que Gaiman dans la puissance de ses univers oniriques. Franchement, comme références, on a vu pire.
La cohorte de dessinateurs qui travaillent sur la saga est plutôt de bonne qualité à de rares exceptions près comme l’épisode dessiné par Tommy Lee Edwards rendu quasi illisible.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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