En arrivant de Hong Kong, Kei et ses parents ne trouvent que de minuscules logements, partagés de surcroît, à Paris. Quand enfin une possibilité d’être propriétaire d’un grand logement apparaît, la famille exulte. Même s’il s’agit de la banlieue, en l’occurrence un grand ensemble à Bagnolet, au Nord-est de la capitale. Pour Kei, l’école reste le principal lieu d’intégration, mais aussi de valorisation. Elle a pourtant du mal à se faire des amis. Ses rencontres successives avec Aline, puis Amina vont lui ouvrir un horizon bien plus large.
La richesse de ce récit autobiographique (non, pas juste un de plus) réside dans la variété des sujets abordés. Kei Lam y évoque le milieu de la diaspora chinoise, mais surtout une vie de banlieue réaliste et sans misérabilisme. Pourtant, se retrouver à 11 ans interprète et assistante sociale de ses propres parents, quel boulot ! Pas le temps de s’ennuyer dans ce récit qui alterne des saynètes précises et sobres : les interminables attentes administratives pour les titres de séjour, les digressions savoureuses sur la musique ou encore l’incroyable lexique familial made in China.
Quand on fréquente régulièrement Bagnolet (comme votre serviteur) la chronique n’en sonne que plus juste. D’autant qu’à travers un dialogue entre la Kei de 2021 et son double d’enfance, on balaie à la fois vingt ans d’urbanisme et de sociologie communautaire. Une vision sensible et rafraîchissante d’un parcours de "deuxième génération" qui donne un grand bol d’air au genre autobiographique.
(par David TAUGIS)
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