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Les éditions Kennes se positionnent en Flandre et en Hollande

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 septembre 2019                      Lien  
En cette rentrée, les éditions Kennes annoncent pas moins de 70 nouveautés, rassurez-vous : pas toutes en BD… Cumulant la croissance interne et externe (en rachetant d’autres labels d’édition), appuyés sur deux pays francophones périphériques au marché français (le Canada et la Belgique), le label belge publie désormais lui-même son catalogue conjointement en néerlandais.
Les éditions Kennes se positionnent en Flandre et en Hollande
Le best-seller des éditions Kennes : "La vie compliquée de Léa Olivier" d’Alcante, Girard Audet et Borecki.

Dimitri Kennes est un ambitieux. Issu du cercle de ces jeunes entrepreneurs gravitant jadis autour de l’homme d’affaire wallon Albert Frère, cet ancien directeur général des éditions Dupuis avait tenté, en 2006, un retentissant LBO [1] sur l’entreprise carolorégienne à la stupéfaction de certains managers du Groupe Média-Participations. [2]

La série "Ninn" de Darlot et Pilet

À la suite de cet échec, Kennes avait accompagné Midam dans sa maison d’édition Mad Fabrik (entretemps passée sous la bannière de Glénat), avant de fonder son propre label, Kennes Edition, fin 2013. Depuis, il n’a pas chômé : 500 titres figurent au catalogue avec quelques bonnes ventes comme La Vie compliquée de Léa Olivier, Ninn, Shelton & Felter, Sorcières Sorcières ou Foot Furieux Kids.

Le catalogue se diversifie dans le livre jeunesse, le roman et récemment le développement d’une maison d’édition axée sur la valorisation de la nouvelle sphère d’influenceurs (youtubeurs, chanteurs, sportifs…) : Victor et Anaïs. Il a raflé par ailleurs la licence des "Diables rouges" qui se vend comme des petits pains depuis sa troisième place derrière la France lors de la dernière Coupe du Monde.

"Ange et Démon" par Mirka Andolfo, dans la collection "sexy" de Joker, "où le rire se fait coquin".

Croissance externe

Dans la BD, la croissance est externe par le rachat des éditions Joker (Les Foot Furieux, Les Foot Furieux Kids, Napoléon et Olivier Rameau…) qui va prendre prochainement une tournure « sexy » sous la houlette de la très sympathique Katia Even, un gage de qualité.

À cela s’ajoute l’acquisition du label français Monsieur Pop corn (Putain de Chat de Lapuss’) qui, sous la direction de Lionel Bonnal (alias Tartuff) et d’Aurélien Bouysse imprimeront une inflexion plus "alternative" au catalogue.

Un modèle de développement qui n’est pas sans rappeler celui du groupe Steinkis/Jungle.

La très populaire (en Belgique) licence des "Diables rouges". La BD de Falzar, Lapuss’ et Stédo.

Belge avant tout

Mais Kennes, qui affecte d’affirmer ses racines belges, ajouter une corde à son arc : la création du label Kennes Uitgeverij qui se destine à publier son catalogue en néerlandais à destination des marchés flamands et hollandais.

Naguère, cette édition « bilingue » était la marque de fabrique des éditeurs belges : Dupuis, Le Lombard, Casterman, Dargaud Benelux,… éditaient systématiquement en deux langues. Avec l’acquisition de ces labels par de grands groupes français (Média-Participations pour Dargaud Benelux, Le Lombard et Dupuis ; Flammarion-Gallimard pour Casterman), ces groupes abandonnèrent la publication systématique dans la langue de Vondel, principalement en raison de la différence de pratique dans la distribution du livre dans ces deux marchés.

Par conséquent, les frais de création n’étant plus amortis que sur un marché direct au lieu de deux, la BD francophone (et ses auteurs…) a considérablement perdu du terrain dans ces contrées, passant pour l’essentiel par le label Ballon Media (dont Média-Participations détient une part minoritaire), distributeur des maisons francophones Casterman, Dargaud, Dupuis, Glénat, Kana, Le Lombard, Lucky Comics et Marsu Productions.

En faisant un deal avec le distributeur Dilibel (filiale du groupe Hachette Livre), Kennes éditions revient à cette tradition. Affirmant son identité belge, le label s’assure ainsi la maîtrise et le contrôle de son marché néerlandais au lieu de vendre la licence à des petits labels indépendants locaux, qui naissent et qui meurent rapidement au rythme des saisons. Parfois, l’ambition a du bon.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Le site des Éditions Kennes

[1Le LBO, de l’anglais « Leverage Buy-Out », désigne un montage financier de rachat d’entreprise par effet de levier (« leverage ») au moyen d’un emprunt bancaire bancaire.

[2Pour vous rafraîchir la mémoire, lire notre dossier « Dupuis et Média-Participations ».

 
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