Depuis plus de 10 ans, 25 000 réfugiés Syriens ont été accueillis en France. Une quinzaine de familles se sont installées à Autun. Déracinés, ne parlant pas la langue du pays d’accueil, les Syriens trouvent un peu de réconfort en se retrouvant et en tentant d’imaginer ce que la Bourgogne peut avoir de leur pays natal. Le récit est raconté par Khaled, un jeune Syrien arrivé en 2022. Avec lui, on suit l’intégration, pleine d’obstacles, de celles et ceux qui ont été contraints de fuir leur pays pour survivre.
Le récit de Thibault Mouginot met l’accent non pas sur l’exode mais sur l’accueil à Autun. De toute façon, les Syriens sont présentés comme très pudiques sur cette question, préférant taire leur souffrance. On les découvre chaleureux, tournés vers les autres (la réciproque n’est pas toujours vraie…), et soucieux de se construire un nouvel avenir.
L’histoire est plutôt touchante, même si elle manque un peu de profondeur : elle est réduite aux interactions individuelles, sans que ne soient approfondis les aspects des trajectoires personnelles ou le contexte géopolitique. Le dessin de Yas Munbasinghe, minimal, est de la même veine. En revanche, on trouve d’abondantes informations dans la préface (rédigée par un professeur d’histoire) ainsi que dans un dossier documentaire valorisant les valeurs du vivre-ensemble, les bienfaits de l’intégration, et la nécessité de "mettre des mots sur les maux". On est ainsi dans la lignée des engagements sociétaux de l’éditeur José Jover, héraut de la multiculturalité. Ça verse un peu dans le sentimentalisme, mais ça ne fait pas de mal…
(par Damien Boone)
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