De notre correspondant à Berlin. Les lecteurs d’ActuaBD connaissent déjà la Fabrique de Fanzines, dont il a été question dans nos pages il y a quelques mois. Rappelons brièvement le principe de cet atelier fondé et animé par Andreas Kündig, Ibn al Rabin, Benjamin Novello, Yves Levasseur et Alex Baladi : armés d’une pile de papier, d’un tas de crayons et d’un photocopieur portatif, ces adeptes du DIY (Do It Yourself ‒ Faites-le vous-mêmes), à l’occasion d’un événement "X" auquel ils auront été préalablement invités, s’installent autour d’une table et, selon leur inspiration du moment, commencent à dessiner, découper et assembler en feuillets des mini-BD.
Des curieux s’approchent, ils leur montrent comme il est facile de créer, de s’amuser à composer des petites histoires et de les illustrer, les invitent à participer. Toutes les créations sont immédiatement photocopiées à quelques exemplaires, que les participants et les spectateurs peuvent, à leur plus grande joie, emporter gratuitement. Jusqu’à maintenant, plus de 50 ateliers ont été organisés par la Fabrique aux endroits et lors des événements les plus divers. Qu’il s’agisse de festivals, d’expos, de concerts ou de vernissages, les militants de la Fabrique, animés d’une vision participative de la vie sociale et politique, rebelles à la récupération mercantile dont l’activité humaine fait aujourd’hui systématiquement l’objet, se déplaceront volontiers jusqu’en Argentine ou jusqu’à Moscou pour peu qu’on leur offre le transport, le gîte et le couvert.
Le 29 avril dernier, la Fabrique de Fanzines était à Berlin à l’occasion de l’événement Comic invasion Berlin organisé par Marc Seestaedt (Lifestrips) et Wandrille Leroy (Éditions VRAOUM). Nous y avons rencontré Alex Baladi, l’un des membres fondateurs de la Fabrique, qui nous a fait découvrir quelques-unes des meilleures créations spontanées issues de leurs ateliers.
Parmi celles-ci se trouvait Petzicul de Baladi lui-même, qui nous a enthousiasmé à tel point que nous avons décidé (avec la permission de son auteur cela va de soi) de le reproduire ici intégralement.
J’ignore si le lecteur éprouvera autant de plaisir que nous à la lecture de cette histoire, mais il me semble qu’elle montre excellemment, avec beaucoup de justesse et de simplicité, de quelle énergie créatrice humoristico-critique, sont animés les enfants, et de quelle manière les parents, comme par réflexe et contrairement à ce qu’ils prétendent sans arrêt, bien loin de valoriser chez l’enfant l’imaginaire et la création, s’effraient de cette énergie et de cette force, qu’ils n’ont de cesse de combattre jusqu’à ce qu’ils l’aient complètement endiguée. Les boules contre les parents : sous prétexte de vouloir leur bonheur, ils travaillent en réalité à briser les mômes dans le but d’en faire des banquiers et des avocats. Rien de nouveau sous le soleil, d’accord : Petzicul is just another brick in the wall. Mais il est toujours intéressant de retrouver une ancienne vérité sous une expression nouvelle.
(par Manuel Roy)
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