Selon Gilles Ratier, dont l’enquête est téléchargeable ci-dessous en format PDF, cette année, la production des albums de BD proprement dits a été de 1.730 nouveautés (contre 1.494 l’an dernier) et 515 rééditions. Avec les autres ouvrages (illustrations, études sur le BD), cela fait un total de 2.526 titres publiés contre 2.204 l’année précédente répartis sur 185 maisons d’édition. Notons cependant que 80% des ventes se concentrent chez les 26 premiers éditeurs.
Grosse progression des mangas
Parmi ceux-ci 521 BD japonaises ou coréennes contre 377 l’an dernier, soit une augmentation de la production de 38% pour les mangas qui dépassent aujourd’hui les 30% du marché français ! Année record aussi pour la BD américaine avec 142 albums publiés.
Dans l’hexagone, le premier vendeur est sans conteste Titeuf publié chez Glénat, même si on ne lui compte pas de nouveauté cette année. La plus grosse vente de l’année est cependant, et ce n’est pas une surprise, Astérix et la Rentrée gauloise (1.500.000 exemplaires mis en place en septembre) pour un titre qui est qualifié par Gilles ratier de "fausse nouveauté"
Les best-sellers ? Des classiques !
Derrière ces deux intouchables, la liste des nest-sellers de l’année est quasi exclusivement constituée de classiques : le nouveau "Blake et Mortimer" (600.000 de mise en place), le dernier "Petit Spirou" (590.000), "Joe Bar Team" (530.000), "32 décembre" de Bilal (425.000), "Boule et Bill" (400.000), "Le Chat" de Geluck, "Lanfeust de Troy" et "Cédric" (300.000 exemplaires chacun), "Le cri du peuple" de Tardi (135.000 exemplaires. Ces chiffres sont fournis par les éditeurs et ne traduisent pas les ventes nettes car la plupart de ces ouvrages subissent des retours qui interviennent l’année suivante, mais ils marquent la tendance.
Consécration ?
« C’est l’année de la consécration », nous dit Gilles Ratier, pour un métier qui « attire de plus en plus de femmes : 1264 dessinateurs ou scénaristes (dont 93 femmes, soit 7,35%) ». On veut bien partager son enthousiasme pour ce timide retour à la parité, mais nous dirions que c’est plutôt un année d’inquiétude pour l’avenir car le succès des mangas, devenu aujourd’hui « un secteur clé » (dixit Guy Delcourt), constitue, selon Jean Deneusmostier, administrateur des éditions Dupuis, une évolution lourde de menaces. Il lance ce cri d’alarme dans L’Année de la BD (éditions Soleil, à paraître début janvier) : « Devons-nous contribuer à favoriser un genre qui pourrait affaiblir la BD traditionnelle (les rayons ne sont pas extensibles) dont la production ne nous appartient pas en propre (ce sont des licences), un genre où nous ne créons rien ? ».Inquiétude aussi dans les exploitations dérivées au cinéma, comme nous l’exprimions dans un précédent article
Plus qu’une année de « consécration », c’est d’une année charnière qu’il s’agit que cache mal une présence accrue de la BD dans le marché du livre (13%) car elle porte en elle la possible faillite du modèle franco-belge face à ses compétiteurs américains et japonais.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Illustration : Astérix reste le best-seller toutes catégories en 2003. © Albert René.
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