En 2020, année du Covid, le marché de la BD s’est établi, selon GfK, à 53,1 millions d’exemplaires vendus, soit une croissance +9%, pour un chiffre d’affaire de 591 millions d’euros, soit +6%.
Est-ce un effet Covid ? Oui et non. Non, parce que la hausse des ventes de la BD est constante depuis 2016 et elle représente un livre sur cinq achetés en France (18% du marché en volume) prenant la 3e place dans le marché du livre après la littérature et la jeunesse.
Oui, parce que l’absence de consommation des autres biens culturels (cinéma, théâtre, voyages…) a reporté en librairie le besoin d’évasion. Et la BD, avec ses images colorées et ses thématiques qui font rêver, offrait la compensation nécessaire, à des tarifs relativement bon marché.
Et, la chose s’exprime de façon encore plus remarquable aux États-Unis, les mangas se taillent la part du lion (ils représentent 42% des ventes en volume cette année, avec une croissance de +18%) en raison de leur forte présence sur les plateformes comme le démontre le succès de Naruto (Ed. Kana) qui a retrouvé les chiffres de ses plus belles années, comme nous vous l’expliquions voici quelques jours.. La série place d’ailleurs deux titres dans les deux premières places du Top 10 des ventes de l’année, tandis que One Piece en place trois et Dragon Ball (tous deux chez Glénat). Seules nouveautés dans la liste : Demon Slyer chez Panini (en 3e place, devant One Piece) et My Hero Academia chez Ki-Oon, ce qui démontre que même au niveau des lecteurs de mangas, en période d’incertitude, on se réfugie dans les valeurs sûres.
Les classiques rassurent
Même impression du côté du franco-belge. Parmi les succès évidents de l’année, Le Lucky Luke très opportun de Jul et Achdé (Lucky Productions), L’Arabe du futur de Riad Sattouf (Allary Editions) au T.5 très attendu, de même que le Blake et Mortimer de Jean Dufaux, Christian Cailleaux et Étienne Schréder, font plus que tirer leur épingle du jeu, se plaçant l’un et l’autre dans le Top 10 des ventes de l’année.
Du côté du comics, les blockbusters d’Hollywood brillant par leur absence dans les salles en 2020, on aurait pu croire que, comme aux USA, la demande allait fléchir. Que nenni : avec 6% du marché, ce segment progresse encore de +6%.
Enfin, il est intéressant de se pencher sur l’insolente santé de la BD jeunesse, l’un des segments les plus porteurs de cette année. La sortie d’un nouvel Astérix en fin 2019 a encore généré des ventes en 2020 et, avec une « pseudo-nouveauté » en 2020 (Le Menhir d’or), le Gaulois continue à tirer le secteur, une BD sur 4 ressortant de ce segment de marché porteur d’avenir puisque le consommateur de BD, en 2020, a majoritairement moins de 30 ans (65% des achats). On remarquera aussi la présence massive du phénomène Mortelle Adèle de Mr Tan (Ed. Tourbillon) qui place quatre titres dans le Top 10 des meilleures ventes jeunesse de l’année.
En termes de temporalité, le schéma ci-dessous montre que les acheteurs ont profité du déconfinement pour approvisionner leur bibliothèque. Ce qui est remarquable, c’est que les choix ne se sont pas seulement portés sur les nouveautés : les acheteurs en ont profité pour compléter leur collection : entre +47% et +49% de progression sur les fonds dans les périodes déconfinées.
En bref, les Français ont su surfer sur la vague, fuyant le Galactus de la pandémie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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