La maison belge Septimus mise traditionnellement sur une vente trimestrielle, tandis que son homologue Million organise une vacation par mois tout en se ménageant plusieurs éditions dans l’année, davantage prestigieuses.
Résultat : les deux maisons se retrouvent régulièrement face à face, en duel, aux mêmes moments de l’année, en présentant des catalogues qui ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. Comparons précisément les deux vacations qui nous arrivent aujourd’hui, rubrique par rubrique.
Million : la qualité belge
Comme de coutume chez Millon-Belgique, cette vacation débute avec les objets 3D, et c’est le partenariat entre le dessinateur Philippe Berthet et la maison Fariboles qui est tout d’abord mis à l’honneur. Suivent de manière plus classique différentes statuettes issues de l’univers de Franquin et d’Hergé. Dans le domaine des raretés, remarquons le fameux buste d’Horus, tiré de la Trilogie Nikopol de Bilal édité par Christian Desbois et, chez le même éditeur trop tôt disparu, ce poilu en squelette inspiré par Tardi. Autre objet rare : ce bas-relief Starwatcher de Moebius. Sans compter le très convoité Village d’Astérix édité par Pixi où l’on retrouve tous les Gaulois de Goscinny & Uderzo.
Suivent les albums des plus grandes séries du franco-belge. De Alix à Valhardi en passant par tous les classiques : plus de deux cent cinquante albums très rares et souvent en très bel état s’offrent à la convoitise des amateurs. Épinglons le grand nombre d’albums de Lucky Luke, quasiment les quarante premiers titres en édition originale, ainsi que les Bob & Bobette appréciés des collectionneurs belges, surtout l’ensemble des trois albums des Farces de Mr Lambique, aussi rares que recherchés car ils n’ont jamais été réédités.
À la suite des plaques émaillées (le plus souvent consacrées à Tintin), des sérigraphies plus orientées sur Franquin, on retrouve les périodiques, surtout mis en valeur par les tous premiers numéros des journaux Tintin et Spirou. Notons encore ces lots de lettres rédigées et signées par Hergé, ainsi que ce lot de cartes de vœux envoyées par Jacques Martin.
Puis, viennent les albums de Franquin (presque tous présents en édition originale, et surtout accompagnés par deux tirages de tête), ainsi que les albums d’Hergé, un lot au sein duquel on retrouve le fameux document German Research in World War II qui influença Hergé pour sa fusée, ou encore les Fables de Robert de Vroylande illustrés par l’auteur de Tintin en 1941, un ouvrage aux relents antisémites qui lui seront reprochés après la guerre.
Concernant les albums dédicacés mis en vente, les amateurs regarderont sans doute avec attention ceux de Bilal et Chaland qui valent vraiment le détour, ainsi que plusieurs collectifs, et surtout une demi-douzaine de lots signés ou dédicacés de la main d’Hergé. Notons également plusieurs dédicaces de Peyo, presque autant de Tillieux, de Leloup et de Schuiten. Un beau panorama de la BD belge.
Sans surprise, les œuvres originales forment le dernier tiers de cette vacation. Et ce sont presque deux cents auteurs qui composent un ensemble assez hétéroclite. On passe de quelques très beaux originaux de Dany (dont un récit complet) au Garfield de Jim Davis, de plusieurs œuvres de Crécy à des planches des Funcken, d’un dessin de berger allemand réalisé par Giraud à une série de dessins publicitaires de Jean Graton. Nous ne pouvons donc que conseiller aux amateurs de jeter un œil au catalogue, car ils trouveront certainement un auteur ou un style qui correspondra à leurs attentes.
Parmi les pièces les plus estimées, citons une planche de Largo Winch et une autre de Mattéo de Gibrat, une magnifique planche de Tanguy & Laverdure (Jijé) ainsi qu’une page en couleurs directes du Cahier Bleu (Juillard). Quatre œuvres de Milo Manara sortent également du lot : deux planches à l’encre de chine, représentatives du travail de l’auteur, font le pendant à deux illustrations à l’aquarelle beaucoup moins connues et réalisées dans un style plus lâché. Pratt n’est d’ailleurs pas seulement présent par le biais de la planche d’El Gaucho, car un ensemble d’illustrations préfaçant Jesuit Joe est également proposée à la vente :
À la fin de sa première époque au sein du Journal Spirou, Will démontrait qu’il était "Plein Gaz" sur Tif et Tondu, comme on peut s’en rendre compte avec une très belle planche mise en vente. Enfin, une incontournable page de William Vance résume l’intrigue sophistiquée de Jean Van Hamme dans Toutes les larmes de l’enfer.
Le clou de cette vente aux enchères est certainement cette magnifique planche des Légions perdues par Jacques Martin. Ce qui reste comme l’un des meilleurs albums d’Alix racontant la traversée des Alpes par l’armée romaine exprime ici toute sa force. Après plusieurs années au sein du Studio Hergé, Martin est maintenant en pleine maîtrise de son art : il multiplie les cadrages et les profondeurs de champ, et parvient à représenter la multitude de personnages sans perdre ni en lisibilité, ni en atmosphère, tout en s’achevant sur ce surprenant cliffhanger (voir ci-contre). Une pièce muséale ! Et pour ceux qui préfèrent la première période du maître de la reconstitution historique, une seconde planche est proposée aux enchères, issue de La Tiare d’Oribal.
Septimus, une autre dimension
Une fois de plus, Septimus se distingue en mettant l’accent sur les objets en trois dimensions. Si leurs précédentes ventes étaient parfois dotées de deux cents pièces 3D, ce sont cette fois près de trois cents lots qui sont présentés, occupant ainsi presque la moitié du catalogue.
La spécialité de la maison de vente de Nivelles ne déroge pas à la règle : l’essentiel de ces objets est tiré des univers d’Hergé et de Franquin, auxquels s’ajoutent plus d’une centaine de figurines de la marque Pixi d’origine diverse. On remarquera Le Sirius, le bateau du Trésor de Rackham le Rouge, une version hors commerce de l’Amilcar des Cigares du Pharaon, ainsi que des plaques émaillées d’On a marché sur la Lune.
En dehors de ces deux grands maîtres de l’école belge, citons encore la crise de nerfs des Tuniques Bleues par le sculpteur St Emett (60 cm de haut), la locomotive de Lucky Luke par Aroutcheff et l’homme qui tire plus vite que son ombre en résine imitation bronze d’une hauteur de 74 cm. De quoi satisfaire les amateurs de pièces de grand format.
Après les sérigraphies dont une bonne part d’entre elles sont tirées de l’univers de Peyo et de Tardi, viennent les albums dédicacés. Une magnifique réalisation sort du lot : un Voyageur du Mésozoïque de Franquin avec le Comte de Champignac.
La vente se poursuit avec plus de deux cents originaux. Une nouvelle fois, le choix est très large, tout autant que les fourchettes de prix. On y retrouve quelques curiosités, comme trois beaux dessins couleurs réalisés par Barbucci, une mignonne petite aquarelle de René Follet qui introduit une site d’une demi-douzaine d’œuvres du regretté peintre et illustrateur belge, dont un bel hommage à Blake et Mortimer. Ajoutons des mises en couleurs réalisées par le Studio Hergé, une vingtaine de crayonnés tirés de l’univers de Disney avec Mickey, Donald et leurs amis.
Là encore, quelques pépites sortent du lot, à commencer par trois planches scénarisées par Jean-Michel Charlier : une première de Tiger Joe par Hubinon, une planche de Valhardi dessinée par Jijé, ainsi qu’une troisième de Mitacq pour La Patrouille des Castors et le fameux Trophée de Rochecombe. Notons aussi ce très beau dessin de Plume au vent du décidément incontournable Juillard et cette têtière réalisée par Roba.
Enfin, on peut vraiment parler de clou de la vente pour ce magnifique dessin réalisé par JC Mézières. Certes, ce ne sont pas Valérian et Laureline qui sont aux commandes de ce vaisseau, mais y on retrouve toute sa puissance d’évocation. La vente se conclut avec les tirages de têtes (dont pas mal de Versions Originales de Franquin), ainsi qu’une cinquantaine d’éditions originales, principalement des Tintin.
Avis aux amateurs !
(par Charles-Louis Detournay)
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Découvrir :
la vente Septimus qui débute ce dimanche 19 juin dès 13h
la vente Millon Belgique qui se tiendra le dimanche 26 juin à partir de 11h
Concernant les précédentes ventes de ces maisons, lire nos articles :
Les ventes aux enchères de BD se bousculent en cette fin d’année.
Septimus et Millon : deux des premières ventes aux enchères de l’année