Iruene – Par Rodolphe et Griffo – Ed. Daniel Maghen

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La vie parfois vous amène à de curieuses surprises : alors que Griffo habite La Palma dans les Canaries depuis des décennies, et que son ami Rodolphe décide de lui faire un scénario qui se passe précisément dans son île, le volcan de l’île, qui ne s’était pas réveillé depuis des décennies, se met à rugir et le dessinateur amené à se réfugier ailleurs, le temps que l’éruption se calme. Au retour, il doit déblayer les cendres qui se sont accumulées sur son toit et qui menacent de faire s’écrouler la bâtisse. A-t-il irrité le démon tapis dans le volcan, Iruene, un être que l’on assimile au Diable ou à un être protecteur selon les versions ? L’hypothèse reste sur la table, tant le lieu est nourri de légendes des temps immémoriaux.

Au départ, c’est une fiction. Le scénariste Rodolphe imagine un créatif de la pub surmené assailli par des cauchemars. Dans ceux-ci, il est Bencomo, jeune guerrier du peuple Ganche, les autochtones de l’île avant leur invasion par les Espagnols. Un peuple que certaines légendes disent descendre des Atlantes…

Quel est son rapport avec ces gens ? Il n’en sait rien, peut-être en descend-t-il ? Mais il a une mission à accomplir : revenir dans le passé sauver son peuple du massacre. Cela donne ce récit, entre rêve et réalité.

Tout en couleurs directes, le dessin du Flamand Griffo, alias Werner Goelen, un dessinateur qui a derrière lui une carrière déjà fabuleuse (SOS Bonheur avec Van Hamme, Béatifica Blues, Giacomo C ou encore Monsieur Noir avec Jean Dufaux…), nous réalise des planches d’un pays qu’il connaît bien. Cela donne quelques pages superbes entre combats épiques et scènes oniriques, dont le summum est atteint par le combat singulier entre Bencomo et le Malin lui-même !

Iruene – Par Rodolphe et Griffo – Ed. Daniel Maghen

Rodolphe accompagne parfaitement ce récit bivalent, entre présent et passé, entre Paris et les Canaries, et retombe habilement sur ses pattes dans un scénario qui aurait pu rester un exercice convenu. Il y a un effet de bonne BD classique, de celles qu’on lisait au moment de l’âge d’or, et dont on retrouve la saveur ici. Une chance que les planches n’aient as été englouties par la lave et par les flammes... Iruene a peut-être protégé le projet...