Voilà - chose rare - un manga qui se revendique de la Science-Fiction, et plus précisément du Space Opera, avec des personnages placés d’emblée en milieu hostile. Les conséquences sont immédiates : pas le temps de se poser et d’explorer, l’action se déploie avec une violence assumée (on est bien dans la collection seinen de Kazé).
Le début de Terra Formars surprend. Les astronautes que l’on découvre dans le vaisseau tiennent davantage du Loft que d’Apollo 11 ; et on se demande si on ne va pas avoir une version manga du Prometheus de Ridley Scott, tant le personnel présenté semble totalement déconnecté des réalités d’une expédition spatiale censée être cruciale pour le sort de l’humanité.
Mais ce casting prend sens dans l’intrigue justement en tant qu’il est inapproprié. Et il en paie le coût, élevé. Les premiers moments qui pouvaient sembler mièvres sont rapidement évacués au profit d’un principe de réalité auquel les héros sont cruellement confrontés. Les développements autour des raisons de cette expédition, du jeu d’influences géopolitiques que suppose une telle équipée, des mystères qui l’environnent sont intéressants et stimulent la curiosité du lecteur.
Reste que la SF semble parfois reléguée à la simple fonction de cadre, un peu artificiellement posé sur un thriller mâtiné de complots aux enjeux assez sommaires. Elle devient un prétexte pour déployer un manga de combats - très efficace - mettant en scène des super-pouvoirs à base d’insectes en tout genre (burps !). L’action conduite déjoue d’ailleurs habilement les attentes et Yu Sasuga se montre très décomplexé dans la gestion de ses personnages.
Ce premier volume offre une histoire complète qui se dévore rapidement. On se demande cependant s’il s’agit d’un prologue avant le développement d’une intrigue plus longue dans les volumes suivants, ou si tout le récit consistera en une succession de chroniques autour de cette conquête martienne. En tout cas, on attend de voir comment les personnages pourront bien explorer cette planète où ils font pour l’heure figure de parasites à éradiquer !
(par Aurélien Pigeat)
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