Par rapport aux autres, Ryan a connu Walter plutôt sur le tard. Elle ne fait pas partie de ses principaux groupes d’amis, du lycée ou de la fac, même si elle en a croisé certains au gré de diverses soirées. Mais une relation étroite s’est nouée, au fil des années, entre Walter et elle, animée par un étrange sujet de conversation régulièrement repris : "Tu l’imagines comment, toi, la fin du monde ?".
Aussi, et même s’ils ne s’étaient pas vus depuis un moment, Ryan accepte volontiers l’invitation de Walter à passer une semaine avec les plus proches amis de celui-ci, dans une villa manifestement exceptionnelle. Mais, si la découverte du lieu dépasse de loin les attentes des différents invités, la fête tourne court lorsqu’ils découvrent que pendant qu’ils se prélassent dans ce havre de paix, le reste du monde subit une attaque inconnue, décimant la population mondiale. Coincé dans cet espace préservé du chaos extérieur, tout ce petit groupe va devoir en apprendre davantage sur les circonstances de cette invitation et les motivations de leur hôte.
L’intrigue de The Nice House on the Lake, qui a fait l’objet d’une entrevue, se présente comme un huis-clos, dans un cadre particulier et mystérieux, avec un personnel rapidement présenté à la manière d’un classique whodunit à la Agatha Christie. Mais James Tynion IV entraine rapidement son récit vers la SF et le thriller, à la limite de l’épouvante, tout en insistant, par une suite de portraits successifs, sur la complexité des relations interpersonnelles au sein d’un groupe aux histoires multiples.
On sent en effet que l’horreur peut se cacher derrière chaque cloison de la maison, derrière chaque élément du décor. Une atmosphère froide et menaçante pèse continuellement sur les personnages et le rythme, finalement assez lent, permet d’épaissir le sentiment de malaise et de nourrir un trouble qui participe en grande part de la qualité de la narration. Le dessin d’Alvaro Martinez Bueno, marqué par des ombres puissantes et des effets ponctuels de crayonnés, soutient parfaitement cette perspective.
Il n’est pas possible de dévoiler davantage les éléments de l’action, aux péripéties nombreuses, sous peine de gâcher la lecture du volume. Mais The Nice House on the Lake s’affirme comme l’une des séries les plus prenantes de cette nouvelle année. Prévue en deux tomes (avant un second cycle ?), on espère qu’elle nous offrira un panorama satisfaisant des mystères présentés lors de la sortie du tome 2, en mars prochain. Mais l’on est d’ores et déjà conquis.
(par Aurélien Pigeat)
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The Nice House on the Lake T1. Par James Tynion IV (scénario), Alvaro Martinez Bueno (dessin) et Jordie Bellaire (couleur). Traduction Maxime Le Dain. Urban Comics, collection DC Black Label. Sortie le 3 février 2023. 184 pages. 15 euros.
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