En plus d’une délégation venue en force d’une vingtaine de dessinateurs, la présence de Taïwan durant Angoulême 2012 aura été ponctuée par les interventions du charismatique et jovial Représentant (ambassadeur) de ce pays en France : S. E. Michel Ching-long Lu.
Après s’être signalé lors de la conférence de presse de présentation du Festival, le 6 décembre 2011, celui-ci s’est brillamment distingué à nouveau lors de sa cérémonie d’ouverture, le 26 janvier 2012. À l’aide de marionnettes, il s’est livré à un mémorable exercice de promotion de Taïwan. Il y a ainsi vanté, le tout en trois minutes, les mérites de son île, à la fois en ce qui concerne les possibilités d’échanges commerciaux, les vertus démocratiques de l’endroit ou sa capacité d’attraction touristique…
En outre, l’inauguration de l’exposition, le 27 janvier, a bénéficié de la présence du Directeur général adjoint de l’Office d’Information du Gouvernement de Taïwan, M. George C. H. Hsu.
« L’ethno-BD » de Chiu Row-long
Les bandes dessinées venues de Taipei se révèlent, certes, très influencées par les mangas. Pas seulement parce que l’ancienne Formose fut une colonie japonaise, épisode historique dont on continue à se souvenir localement.
Mais encore plus certainement car les jeunes générations de ce carrefour des influences culturelles en Asie sont très attirées par ce qui se passe dans les domaines de la création à Tôkyô. Même si les liens avec la Chine continentale restent également forts.
Un auteur se démarque en traitant des spécificités de Taïwan : Chiu Row-long. Il est issu d’une dynastie d’illustrateurs, son épouse appartient à la tribu Seediq. Son travail est donc orienté vers les peuples aborigènes de l’ex-Formose et leur opposition au colonisateur japonais avant la Deuxième Guerre mondiale. Ses productions, comme La Révolte de Wushe, ont donné lieu à un documentaire et à un long-métrage de fiction sélectionné pour le Festival du Film de Venise 2011. La démarche originale de Chiu Row-long pourrait lui valoir l’intérêt d’un éditeur francophone.
La science-fiction selon Push Comic (Ah Tui)
Dans un domaine sans doute plus commercial, quoique pas moins dénué d’intérêt, citons encore parmi les dessinateurs invités Ah Tui, alias Push Comic. On doit à celui qui est souvent présenté comme le « Moebius taïwanais » des titres comme L’Homme aux neufs vies ou Balezo.
Influencé aussi par le Japonais Gô Nagai (UFO Robot Grendizer / Goldorak), Ah Tui privilégie une science-fiction où il mélange les codes occidentaux et orientaux à ses obsessions personnelles. Ce pionnier de la bande dessinée made in Taiwan, publié le premier parmi ses compatriotes en français, durant les années 1990, par la revue Kaméha (Glénat), possède des sérieux atouts pour séduire un large public sous nos latitudes. D’autant qu’il étend la modernité de ses propositions à d’autres domaines, comme le design industriel.
Le marché intérieur de la bande dessinée taïwanaise demeure quand même limité, notamment par comparaison avec celui du Japon. Elle cherche visiblement des débouchés à l’exportation. En la matière, ces deux figures de Taïwan nous indiquent que la palette des propositions artistiques de ce pays.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : figurine de l’exposition Ocean of Taiwan Comics représentant Born Wild, personnage de « cyborg-alien » de Push Comic (Ah Tui) © 2012 Push Comic (Ah Tui)
L’Exposition spécial Taïwan Ocean of Taiwan Comics s’est tenue dans la Cour de l’Hôtel de ville d’Angoulême – Du jeudi 26 au dimanche 29 janvier 2012.