Eh oui, Salvador Dali, l’homme aux moustaches cirées montées comme des antennes connectées au cosmos, a été jeune. Son père a de quoi s’inquiéter de cette personnalité introvertie, minée par les névroses et les fantasmes, qui fréquente des jeunes gens aussi originaux que lui : le futur cinéaste Luis Buñuel, le poète Federico Garcia Lorca et le futur écrivain Pepin Bello qui partagent la même résidence d’étudiants de Madrid.
La grande découverte de l’époque est la psychanalyse que Dali découvre en même temps que les grands mouvements artistiques de son temps : le cubisme et le dadaïsme. Federico Garcia Lorca lui consacre quelques poèmes passionnés, d’un amour auquel il n’est pas sensible.
Déjà passablement frappadingue, le talent de Dali est cependant rapidement reconnu par le galeriste le plus hype de Barcelone dans l’entre-deux-guerres Josep Dalmau qui soutient la jeune garde artistique de l’époque. C’est bientôt, sur le conseil de Joan Miró, le voyage à Paris où il rencontre les Surréalistes et… Gala, la femme de sa vie. Mais cela, c’est dans le tome suivant...
Poursuivant son cycle de biographies en bande dessinée (Picasso, Isadora Duncan), le duo Julie Birmant, récemment récompensée par le Prix Goscinny du scénario à Angoulême, et Clément Oubrerie, le prodigieux dessinateur de Aya de Yopougon, réussissent ici un premier album vif et enlevé, particulièrement bien mis en couleurs par Sandra Demazières. On y découvre le jeune Dali « avant Gala », déjà particulièrement mégalomane, qui se cherche dans une Espagne qui ne va pas tarder à succomber au fascisme et à Paris, alors le cœur battant de l’art moderne. Une formidable série.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Dali avant Gala - Par Julie Birmant et Clément Oubrerie – Ed. Dargaud