Entre 1964 et 1974, le Laos devint le pays le plus bombardé de l’histoire, et ces multiples conflits auraient fait 350.000 morts, soit 10% de la population, et au moins autant de réfugiés, notamment suite à l’instauration d’une dictature extrêmement violente dans les années 1970.
Le père de Vanyda, né Thongh Lith Phongsavath, devenu François Savatier, a beaucoup discuté avec sa fille et avec le scénariste de cet album, Jean-Luc Cornette. En 2010, Cornette et Vanyda partirent sur place, pour mener une série d’entretiens et mieux maîtriser cette matière complexe. Le récit qu’ils en tirent suit sur plusieurs générations cette histoire familiale, montrant notamment ceux qui ont construit de nouvelles vies, aux quatre coins du monde.
Le dessin caractéristique de Vanyda, à mi-chemin entre manga et dessin franco-belge, est toujours dynamique, comme dans Entre ici et ailleurs, bel album que nous avions déjà apprécié. Il est également servi par des couleurs élégantes, qui apportent un vrai plus par rapport à ce dernier album.
Malheureusement, malgré quelques épisodes très étonnants et intéressants, il faut bien avouer que cet album perd un peu son lecteur. La narration est saccadée, avec une succession de scènes sur plusieurs années, que l’on a du mal à relier les unes avec les autres, et de personnages qui vieillissent sans que l’on n’arrive toujours bien à les identifier. C’est souvent confus, ce qui n’aide pas à comprendre la situation géopolitique elle-même très compliquée pour un lecteur non spécialiste du Laos. En revanche, tous ceux qui connaissent déjà bien cette situation, que leur intérêt soir purement historique ou davantage familial, seront heureux de tenir cette histoire singulière, mais représentant une mémoire collective, entre leurs mains.
(par Tristan MARTINE)
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