BRUSSELS ART FAIR. La BRAFA, un carrefour artistique où la bande dessinée, bien que discrète, révèle sa présence singulière, offrant une expérience inattendue au cœur de cette célébration plurielle de l’art.
La 69e édition de la BRAFA Art Fair, qui se tiendra du 28 janvier au 4 février 2024, pour la troisième fois consécutive à Brussels Expo, promet d’émerveiller les amateurs d’art avec la participation de 132 galeries présentant des œuvres variées. Parmi les temps forts, on note la célébration des 30 ans de la disparition du peintre belge Paul Delvaux, avec une quinzaine d’œuvres exposées sur un espace dédié. La BRAFA met également en avant l’anniversaire des 100 ans du mouvement surréaliste, avec la présence d’œuvres emblématiques de figures telles qu’André Breton, René Magritte, et Giorgio de Chirico.
Dans le domaine de l’art ancien, plusieurs galeries présentent des pièces exceptionnelles, telles que les portraits de Lavinia Fontana par Nicolás Cortés Gallery, une paire de cherubins en marbre de Carrare par Romigioli Antichità, et un meuble en marqueterie de Jan van Mekeren par Zebregs&Röell Fine Art and Antiques. En arts non-européens, la Galerie Kevorkian expose un rhyton en terre cuite d’Iran, Dalton Somaré présente une figure zoomorphique du peuple Tellem Dogon du Mali, et Montagut Gallery propose une statue Baule de Côte d’Ivoire.
En sculpture moderne, la Galerie Nicolas Bourriaud expose une œuvre rare de Robert Couturier, tandis que Helene Bailly Gallery présente une Tête d’homme en bois de Ceylan d’Ossip Zadkine. La BRAFA met également en lumière des œuvres contemporaines, dont celles de l’artiste belge Martin Margiela à la Bernier/Eliades Gallery et de Jean-Michel Basquiat, avec son œuvre "Blue Skies" à la Zidoun-Bossuyt Gallery.
Dans le domaine du design, la Galerie Mathivet présente une table d’appoint de Carlo Bugatti, tandis que Gokelaere & Robinson expose une table Guanabara de Jorge Zalszupin. La présence du design brésilien est également soulignée avec des œuvres de Joaquim Tenreiro chez Axel Vervoordt.
L’édition 2024 de la BRAFA propose également une série de conférences quotidiennes, couvrant des sujets allant de la restructuration d’une exposition permanente au musée Hof van Busleyden à Malines à la réflexion sur l’impact de l’intelligence artificielle dans le monde de l’art. Un BRAFA Talk, animé par Amid Faljaoui (Directeur du magazine économique Trends-Tendances et chroniqueur économique à la RTBF, NDLR), explorera notamment les répercussions de l’IA sur la créativité artistique, les droits d’auteur, et la redéfinition de l’art traditionnel.
Cependant, malgré la richesse artistique, la faible représentation de la bande dessinée à la BRAFA est une nouvelle fois à noter. Alain Huberty, cofondateur de la galerie Huberty & Breyne et seule galerie BD présente régulièrement à la BRAFA nous avait donné les raisons de la désertion des autres représentants du 9e art, dans un entretien réalisé en juin 2022 :
“C’est vrai que les autres galeries (Champaka et la Belgian Fine Comic Strip Gallery, NDLR) ont toutes arrêté car il faut bien reconnaitre que les cinq ou six premières années, ce n’était pas très rentable d’être présent à la BRAFA, mais c’était important d’être là. C’est comme avec Christie’s. Au début, nous gagnions beaucoup moins d’argent lorsque nous faisions les ventes aux enchères avec Christie’s au lieu de faire les nôtres. Mais sur le long terme, nous y avions gagné car en étant adossé à une institution telle que Christie’s, on a augmenté la valeur de la BD sur le marché de l’art. Et c’est cela notre leitmotiv.”
Faut-il pour autant bouder la BRAFA Art Fair lorsque l’on est amateur d’originaux de BD ? Non, nous ne le pensons pas. Bien que la majorité des œuvres sont des pièces de beaux-arts, la diversité artistique peut être une source d’inspiration pour les fans de bandes dessinées qui peuvent découvrir de nouvelles formes d’expression artistique. De plus, la BRAFA offre une opportunité unique de rencontres interdisciplinaires entre différents secteurs artistiques. Les férus de BD peuvent bénéficier de perspectives croisées en interagissant avec des artistes, des collectionneurs et des passionnés d’autres domaines artistiques, enrichissant ainsi leur propre expérience. Enfin, il n’est pas rare d’y découvrir des artistes émergents qui apportent une touche moderne et contemporaine à l’événement. Les fans de bandes dessinées pourraient trouver des artistes novateurs qui intègrent des éléments de la culture populaire dans leurs œuvres, créant ainsi des ponts entre les mondes de la bande dessinée et des beaux-arts.
En conclusion, la BRAFA 2024 s’annonce comme un événement artistique majeur, mettant en avant une diversité d’œuvres anciennes, contemporaines, et modernes, tout en soulignant l’importance du mouvement surréaliste et en offrant des perspectives sur l’avenir de l’art à l’ère de l’intelligence artificielle.
CMD
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