C’est lors de la 47e édition de la BRAFA que la BD avait pour la première fois montré le bout de son nez. Fanny Rodwell, la seconde épouse d’Hergé, y était venu présenter un catalogue consacré à Tintin. Le lobbying pouvait alors commencer. Après quelques tentatives infructueuses, la galerie Petits Papiers voit sa demande acceptée par le conseil d’administration du salon des antiquaires. Celle-ci sera rapidement rejointe par la galerie Champaka.
Champaka opte pour la continuité
Cette année, Éric Verhoest propose un approfondissement de sa thématique « Paris-Bruxelles », qui est l’axe traditionnel (à quelques exceptions près) de la bande dessinée franco-belge en y ajoutant une troisième destination : New York, capitale internationale de la culture, qui popularisa la BD moderne.
Associé à la galerie 9e Art, celle-ci met en évidence douze auteurs triés sur le volet, qui interprètent à leur façon le thème de cette exposition. Ainsi, Antonio Lapone, l’amoureux des affiches, nous propose un prolongement de Nocturne, sa précédente exposition chez le galeriste bruxellois. Plus loin, Guillaume Sorel, plus romantique que jamais depuis son album consacré à Stephan Zweig immortalise la Grand’ Place de Bruxelles et une vue de la Tour Eiffel depuis un atelier de peinture. Enfin, Miles Hyman nous offre un sensuel aller-retour Paris-New York.
La galerie Champaka enrichit aussi son stand de quelques originaux de Franquin et de Hergé, ainsi que quelques planches du dernier Blake & Mortimer par André Juillard.
Un renouveau chez Petits Papiers
Du côté de Petits Papiers, Marc Breyne et Alain Huberty ont opté pour la rupture vis-à-vis de leurs précédentes expositions à la BRAFA. Un stand plus grand de 160 m² a été inauguré. Quatre artistes majeurs y sont exposés. Ainsi, Philippe Geluck, Jean-Claude Götting, François Avril et Dominique Corbasson se partagent cet espace à la fois intimiste et moderne. D’autre part, les galeristes proposent une preview de leur programmation 2013. Par exemple, les visiteurs du salon ont un avant-goût de l’exposition consacrée à Philippe Druillet et Hervé Di Rosa, qui débutera au mois de mars.
Abolir les frontières entre BD et art contemporain
Plus que jamais, la bande dessinée s’échappe de ses cases pour rejoindre la grande famille de l’art contemporain. À l’instar de la photographie, quelques années plus tôt, la bande dessinée devient une valeur refuge où il est bon d’investir, comme nous l’explique Alain Huberty : « Actuellement, nous sommes à la deuxième phase. À un moment, on parlait énormément de la BD, déjà comme investissement. Il y a encore un an, tout se vendait en BD ! Mais depuis quelques temps, les gens deviennent beaucoup plus sélectifs et s’intéressent surtout aux grands maîtres car la valeur de leurs œuvres évoluent de manière exponentielle. Les grands maîtres, ce sont des classiques tels Franquin ou Hergé et les modernes comme Druillet, Tardi ou Schuiten. C’est une évolution classique dans le marché de l’art, tout style confondu et c’est l’avenir selon moi. En BD, nous n’en sommes qu’au début. C’est le moment d’investir à condition de s’intéresser à cette catégorie d’auteurs. »
La bande dessinée est médiatisée et rapporte de l’argent, c’est un fait acquis. Pour autant, Éric Verhoest nous met en garde qu’une discipline qui veut être reconnue au rang d’art majeur ne peut pas se contenter uniquement d’un argumentaire basé sur le profit : « Aucun galeriste spécialisé dans la BD, à travers le monde, n’a utilisé un discours autre que « on a fait + 20% » ou « on a vendu un Loustal deux fois plus vite ». C’est un peu dommage mais en même temps, il faut passer par là. La reconnaissance passe d’abord par les chiffres mais j’espère qu’après cela, nous adopterons un discours plus artistique ».
Le président de la BRAFA, Harold t’Kint de Roodebeke fait un parallèle entre la BD et le cinéma : « La BD c’est l’association du dessin et de la mise en scène. Une évolution naturelle de l’art moderne. »
Si le rapprochement effectué ces dernières années entre BD et art contemporain n’est pas perçu par lui comme une tendance lourde, celui-ci reconnait néanmoins qu’il y a un rapprochement naturel : « Les artistes d’art contemporain aiment la BD, tandis que des auteurs tels que Denis Deprez, Nicolas de Crécy ou encore Marc-Antoine Mathieu utilisent l’art moderne comme source d’inspiration pour leurs BD ». Un juste retour des choses, finalement.
(par Christian MISSIA DIO)
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BRAFA 2013
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DATES ET HEURES D’OUVERTURE
samedi 19 - dimanche 27 janvier 2013 de 11.00 à 19.00 h
Nocturnes mardi 22 et jeudi 24 janvier 2013 jusqu’à 22.00 h
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