À l’arrêt – Par Sandra Ndiaye, Frédéric Debomy & Benjamin Adès

À l’arrêt – Par Sandra Ndiaye, Frédéric Debomy & Benjamin Adès – Ed. Delcourt

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Décider d’aller tous les jours en prison pour y dispenser des ateliers artistiques et culturels, ce n’est pas une mince expérience. C’est pourtant ce qu’a vécu Sandra Ndiaye qui, en collaboration avec le scénariste Frédéric Debomy, en relate l’histoire sous la forme d’une bande dessinée. Cela donne un album touchant qui donne à réfléchir sur la condition carcérale.

Peut-on aller en prison, de son plein gré, sans être condamné ? Oui, c’est ce qu’a fait Sandra Ndiaye qui, après quelques projets à destination de personnes détenues, s’est consacrée à l’animation culturelle en milieu carcéral. Un sacré défi ! Une fois passées les contraintes de sécurité, il y a la découverte d’un autre monde, en marge de la société « normale » : des gens qui sont enfermés et qui, le plus souvent, savent très bien pourquoi, c’est en quelque sorte « une règle du jeu ». Des personnes qui subissent un système qui a décidé de les mettre en dehors de la société, et qui quelquefois s’en accommodent, quand ils ne choisissent pas « l’évasion suprême » : le suicide.

Un système qui très souvent marche mal, se montre incohérent, violent très souvent, quelquefois injuste. Pour différentes raisons : par idéologie, par logique administrative, par manque d’argent, mais généralement par apathie, par une volonté délibérée d’ignorance.

Alors faire un travail « social » dans ces conditions, des ateliers où l’on essaie de recréer du lien par la culture, de s’en servir pour faire bouger les mentalités, tenter d’améliorer les choses, à commencer par le quotidien carcéral, revient à pousser le rocher de Sisyphe inlassablement au sommet de la montagne. Un travail harassant.
Être, qui plus est, une jeune femme dans un milieu carcéral peuplé d’hommes, avoir face à soi des délinquants sexuels, des « pointeurs » responsables de crime terribles, voilà qui n’est pas non plus une expérience anodine…

À l'arrêt – Par Sandra Ndiaye, Frédéric Debomy & Benjamin Adès – Ed. Delcourt

Tout cela est formidablement raconté dans ce livre bien rythmé et très bien écrit. Cette institution qui place les détenus dans un « en-dehors » de la société, pour la « protéger » est en fait très révélatrice de l’état de conscience de notre civilisation. Victor Hugo et Albert Londres avaient décrit prisons et bagnes pour faire bouger les consciences de leur temps. Cet album de BD, à sa façon, ne fait pas autre chose.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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