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Alan Moore : Repères bibliographiques

Par le 31 janvier 2004                      Lien  
Entre 1969 et 2004, il n'a pas cessé d'écrire. Ce qui frappe, c'est sa diversité: Moore s'adapte aux dessinateurs qui travaillent avec lui. Voici, pour s'y retrouver dans sa production multiforme, une première approche bibliographique concotée par François Peneaud.

Repères bibliographiques

(Toutes les références concernent des scénarios, sauf indication contraire)

1969 : Premier dessin publié, une publicité pour une librairie de science-fiction dans Cyclops Magazine.

1970-71 : Écrit et dessine pour des publications du Northampton Arts Lab et d’autres fanzines et magazines.

1979-1983 : Écrit et dessine diverses bandes sous le pseudonyme de ’Curt Vile’ pour Sounds, un hebdomadaire musical.

1979-1986 : Écrit et dessine Maxwell the Magic Cat, une bande humoristique signée ’Jill de Ray’, pour un journal local, le Northants Post. Met en scène un petit garçon, son chat, des souris terrifiées par le chat, une panthère mangeuse d’hommes, cousine du chat... Humour cruel et minimaliste.

1980-1981 : Participe aux magazines Doctor Who Weekly et Monthly.

1980-1983 : Écrit de nombreuses histoires courtes pour 2000AD, qui seront rassemblées en deux albums par Titan en 1986, sous les titres de Alan Moore’s Twisted Times et Alan Moore’s Shocking Futures. On peut voir ces travaux comme de très intéressants exercices de style. Science-fiction, humour, horreur, etc. Tout cela illustré par des artistes du calibre de Jim Baikie, Alan Davis, Steve Dillon...

1982-1985 : Lance V for Vendetta (avec David Lloyd), Marvelman (avec Gary Leach, puis entre autres Alan Davis) et The Bojeffries Saga (avec Steve Parkhouse) pour Warrior Magazine. Ce magazine ne durera que trois ans, et toutes ces séries seront complétées chez d’autres éditeurs (voir plus bas).

V For Vendetta se déroule dans un futur proche, où l’Angleterre vit sous un régime fasciste orwellien. Un anarchiste autoproclamé va déstabiliser ce régime. Une œuvre noire et sans compromis. Disponible en France sous le titre V pour Vendetta chez Delcourt.

Marvelman (renommé Miracleman lors de son arrivée aux etats-Unis, quand les éditions Marvel proclameront leur droit exclusif sur ce nom, malgré le fait que le personnage anglais est antérieur à leur existence. Moore jurera de ne jamais travailler pour eux suite à ce conflit) raconte le retour d’un plus qu’humain qui avait oublié ses pouvoirs. Une vision réaliste et plutôt terrifiante du superhéros. Première œuvre dans laquelle Moore imagine le monde réel face à ces créatures surpuissantes.

The Bojeffries Saga est une série humoristique mettant en scène une famille fantastique assez barjo, à l’humour oscillant entre la Famille Adams et les Monty Python.

1982-1984 : Publication de Captain Britain (avec Alan Davis), ainsi que de courtes histoires en prose de Night Raven accompagnées d’une ou deux illustrations par Alan Davis, pour Marvel UK (la branche britannique de l’éditeur américain).

Pour Captain Britain, Moore tue et recrée le personnage principal, pour raconter des histoires qui, si elles sont moins radicales que celles de Marvelman, n’en sont pas moins déjà bien plus puissantes que celles de la production moyenne de l’époque. Un album reprenant ces histoires a été publié par Marvel en 2002.

1983 : Skizz (avec Jim Baikie) pour 2000AD. Un extraterrestre s’écrase sur Terre. L’aide de quelques humains lui permettra de survivre. Ça rappelle quelque chose... et pourtant ce n’est pas du plagiat. Une collection est disponible chez Titan.

1983-1985 : D.R. & Quinch (avec Alan Davis) pour 2000AD, dont la collection est actuellement disponible chez Titan. Une grosse farce pleine d’explosions et d’humour destructeur.

1984 - 1986 : The Ballad of Halo Jones (avec Ian Gibson) pour 2000AD. Superbe trilogie racontant la vie d’une femme dans le futur. Dans le troisième tome, elle se trouve plongée dans un conflit interplanétaire qui rappelle le Viêt-Nam... et ça n’est pas plus amusant que la réalité. Disponible chez Titan. Seul le premier volume a été traduit chez Zenda en 1990 sous le titre La Ballade de Halo Jones.

1984-1987 : Swamp Thing (avec Steve Bissette et John Totleben) pour DC Comics. La première série de Moore pour le marché US. Moore recrée complètement le personnage, en en faisant une plante qui se prend pour un homme. Une des meilleures BD d’horreur de tous les temps. Disponible en six albums chez DC. Des débuts de traduction ont été faits chez Delcourt en 1998, mais la série a été abandonnée.

1985 - 1986 : Deux grandes histoires de Superman (avec entre autres Dave Gibbons) chez DC. Disponibles en album chez DC. L’une a été traduite en 1988 par Comics USA sous le titre Superman : Bon Anniversaire.

1985 -1989 : Termine Miracleman (avec entre autres John Totleben) chez Eclipse Comics. Trois albums chez cet éditeur. Seul le premier a été traduit chez Delcourt en 1988. Miracleman se termine sur une utopie qui, avant Watchmen, affirme : ‘Méfiez-vous de vos héros’.

1986 - 1987 : Watchmen (avec Dave Gibbons) pour DC. Disponible en album et en France chez Delcourt, sous le titre Les Gardiens. La grande œuvre de Moore sur les superhéros, à la structure complexe et à la morale ambiguë.

1988 : Batman : The Killing Joke (avec Brian Bolland) chez DC. Très divertissant, mais sans intérêt intellectuel. Disponible chez Delcourt sous le titre Batman : Rire et Mourir.

1988 - 1989 : Termine V for Vendetta chez DC Comics. Disponible en album. De là, date la fin de la première période de Moore sur les super-héros. Il n’y reviendra que poussé par un besoin d’argent (chez Image), puis par envie de raconter d’autres types d’histoires (chez ABC).

1988 : A.A.R.G.H.! (Artistes Contre l’Homophobie Rampante du Gouvernement), première publication de sa propre maison d’édition, Mad Love. Anthologie publiée pour protester contre une loi homophobe anglaise.

1989 : Brought to Light : Shadowplay (avec Bill Sienkiewicz) chez Eclipse Comics. Une histoire racontant les méfaits des services secrets américains pendant la guerre froide. Ce n’est pas de la fiction, malheureusement.

1989 - 1996 : From Hell (avec Eddie Campbell) commence dans le magazine Taboo (Spiderbaby Graphix/Tundra), pour reprendre et continuer en dix fascicules chez Mad Love/Tundra/Kitchen Sink. Disponible en un album chez Top Shelf. En France chez Delcourt. La grande œuvre de Moore. Une étude de l’époque victorienne, et par extension de la nôtre, à travers les meurtres de Jack l’Éventreur.

1990 : Big Numbers (avec Bill Sienkiewicz), seulement deux numéros sur douze publiés chez Mad Love/Tundra. La principale œuvre inachevée de Moore. Il voulait raconter la vie de plusieurs personnages dans l’Angleterre contemporaine, en prenant comme métaphore la théorie du chaos déterministe. La cinquantaine de planches publiées fait penser qu’il manque un chef-d’œuvre à la BD.

1991- 1996 : Lost Girls (avec Melinda Gebbie) commence dans Taboo (Spiderbaby Graphix/Tundra) et en deux numéros chez Kitchen Sink Press. Moore se lance dans la pornographie intelligente. Bientôt entièrement disponible (voir plus bas).

1992 : The Bojeffries Saga est rassemblé en album chez Tundra. On peut espérer rapidement une réédition aux USA.

1993 : A Small Killing (avec Oscar Zarate) chez Victor Gollancz, puis Dark Horse, et Avatar Press. Petits Meurtres chez Zenda en 1991. Une très belle histoire, où un homme est confronté à un enfant qui lui rappelle toutes les compromissions et lâchetés de sa vie. Une belle allégorie.

1993 - 1997 : Spawn, Violator, 1963, WildC.A.T.s et autres chez Image Comics. Moore se refait un nom chez les amateurs de superhéros... et regarnit ses caisses, vidées par son expérience d’autoédition. Publié en grande partie par Sémic en 1997-1998.

1996 - 2000 : Supreme (avec entre autres Chris Sprouse) chez Image/Maximum/Awesome. Moore reprend un sous-sous-Superman et s’amuse à le plonger dans un univers évoquant celui du Superman des années 60, l’intelligence du scénario en plus. La traduction a commencé chez Delcourt.

1996 : I Keep Coming Back (avec Oscar Zarate) dans It’s Dark in London pour Serpent’s Tail. Réédité dans Yuggoth Culures n°3 chez Avatar Press en 2003. Une sorte de court post-scriptum autobiographique à From Hell dans lequel Moore visite un pub jadis fréquenté par les victimes de l’Éventreur. Élégiaque et féministe.

1997- 1999 : Youngblood : Judgement Day et Glory chez Awesome. Encore des reprises des personnages de Rob Liefeld. Heureusement, ça ne durera pas trop longtemps.

1998 : The Spirit : The New Adventures (avec Dave Gibbons et Daniel Torres) chez Kitchen Sink Press. De petites histoires mettant en scène le célèbre personnage de Will Eisner. Moore est toujours aussi brillant dans les récits courts.

1999 : The Birth Caul chez Eddie Campbell Comics. Adaptation en BD par Eddie Campbell d’un texte écrit par Moore pour l’une de ses performances. Aussi personnel que fascinant.

1999 à nos jours : The League of Extraordinary Gentlemen (avec Kevin O’Neill), Tom Strong (avec Chris Sprouse), Promethea (avec JH Williams III), Tomorrow Stories (Kevin Nowlan, Jim Baikie, etc), Top Ten (Gene Ha & Zander Cannon), Tom Strong’s Terrific Tales, Smax (Zander Cannon) chez America’s Best Comics/Wildstorm (DC). Moore lance une collection de comics tous écrits par lui, pour des publics variés. Nombre de recueils disponibles. Ces titres sont en parution chez Sémic, sauf La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, aux Éditions USA. Du superhéros, des personnages inspirés des pulps, une promenade à travers la Cabale... et la Ligue, formidable rencontre de personnages de la littérature du XIXe.

2001 : Snakes and Ladders chez Eddie Campbell Comics. Autre adaptation par Campbell d’un texte de performance de Moore. Philosophique, historique et magique.

2004 : The Mirror of Love et Lost Girls pour Top Shelf Productions prévues pour cette année. The Mirror of Love est la contribution de Moore à A.A.R.G.H. !, et racontait sous les pinceaux de Rick Veitch et Steve Bissette deux mille ans d’homosexualité. Cette nouvelle version reprend le texte de Moore, accompagné de photos de José Villarubia. Un texte d’une grande puissance poétique, aux accents militants.

François Peneaud

Photo : DR.

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