Braşov, entre Constantinople et la Baltique est situé dans un coude que font les Carpathes dans l’Est du pays. C’est l’un des centres skiables les plus courus d’Europe de l’Est. La ville a été disputée jadis par plusieurs empires depuis qu’un monarque ordonna aux chevaliers saxons de l’Ordre teutonique d’y construire un château et d’arrêter les barbares mongols et tatars dévalant de l’actuelle Ukraine.
Un guerrier valaque dit-on passa une nuit dans le château de la ville, un certain Vlad III Basarab, à qui l’on colla la réputation d’ « empaleur », voire de « fils du diable ». Il est connu grâce au roman gothique de Bram Stoker, un romancier qui n’a jamais mis les pieds en Transylvanie : « Dracula ». Les Roumains en sourient : on n’est pas sûr même qu’il soit jamais passé par là, c’est simplement du marketing touristique…
Mais la bande dessinée en revanche, y passe quelques jours tous les ans depuis sept ans.
Comment on dit BD en roumain ? Eh bien : BD (Benzi Desenate) ! Pour la 7e fois, à l’initiative de son directeur Nicolae Pepene, conseillé par le spécialiste érudit de la BD roumaine Dodo Nița, le 9e art campe dans le musée historique de la ville, la Casa Sfatului (la Maison du Conseil) avec quelques expositions, des master classes, des concerts dessinés, des conférences. Sur le parvis devant l’édifice, les touristes de passage peuvent voir gratuitement une expo sur la BD historique roumaine. Nous en parlerons avec l’auteur de l’Histoire de la BD roumaine, Dodo Nița, dans un prochain article.
Dans la Maison du Conseil, au rez-de-chaussée, une exposition est consacrée au dessinateur et cinéaste Gopo, le « Disney roumain », créateur du dessin animé en Roumanie avec Anima Film, une impressionnante exposition orchestrée par la nièce de l’artiste et présidente de la Fondation Gopo, Anca Moscu. Bientôt un article sur cet artiste prolifique qui joue pour la Roumanie un rôle comparable à celui du Japonais Osamu Tezuka.
Au même endroit, une expo célèbre les 15 ans de Vekovnici, la série scénarisée et éditée par le scénariste serbe Marko Stojanović. Connais pas ? Mais si : il a publié récemment la série La Croix sanglante chez Delcourt (2 vol.).
Mais, dans les Balkans, son rôle est bien plus important : Vekovnici, la série qui célèbre ici ses quinze ans, inédite en France, comporte 10 titres et 2 spin-off. Elle a été traduite dans la plupart des langues d’Europe centrale et même jusqu’en Hollande et en Grande-Bretagne. Surtout elle rassemble les plus grands talents réalistes des Balkans, parmi lesquels Delcourt recrute souvent pour ses mini-séries. Un portait bientôt dans les colonnes d’ActuaBD de cet artiste au parcours singulier.
Le festival bat son plein. On vous racontera ça. Stay tuned !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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