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Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil 2023 : le triomphe de la BD

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 novembre 2023                      Lien  
Jadis, les éditeurs jeunesse regardaient la BD avec une certaine condescendance : à eux le chiffre d’affaire, la créativité, l’éminent rôle éducatif destiné aux têtes blondes ; la bande dessinée était le parangon du « mauvais genre », de la vulgarité, en dépit de son succès. Le 9e art en ce temps-là courait derrière les justifications éducatives. Au SDLPJ de Montreuil, cette année, la bande dessinée triomphe : Mortelle Adèle rivalise avec Harry Potter, tandis que les stars de la bande dessinée alternative s’ébrouent dans l’album jeunesse. Les frontières s’effacent…

Plusieurs raisons à cela, esquissons-en quelques-unes : les enfants d’aujourd’hui sont les enfants des « boomers », la population la plus consommatrice de BD en France. La génération manga lui emboîte le pas. C’est quoi Mortelle Adèle, la géniale et insupportable héroïne de Mr Tan & Diane Le Feyer, sinon une BD qui a (à peu près) la périodicité d’un manga, le format d’un manga et le prix d’un manga ? Preuve que cela inquiète la BD traditionnelle : les éditions Albert-René, éditrices d’Astérix, ont créé la série Idéfix qui s’inscrit dans le même standard éditorial.

Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil 2023 : le triomphe de la BD
Parmi les titres proposés sur les étals, tous ne sont pas forcément "jeunesse"...

L’autre raison, c’est que la frontière, jadis intangible, entre l’album jeunesse, la presse jeunesse et l’album BD, du point de vue des créateurs cette fois, s’est effacée peu à peu. Dans les travées de Montreuil, on pouvait aussi bien croiser Brecht Evens que Lucas Harari, figures de la bande dessinée alternative, mais aussi illustrateurs jeunesse. Une star de l’album jeunesse comme Joëlle Jolivet (365 Pingouins, avec Jean-Luc Fromental, chez Naïve), fait des BD et une star de la BD comme Catel (Kiki de Montparnasse, Joséphine Baker… chez Casterman) fait des livres jeunesse (Le Monde de Lucrèce, avec Anne Goscinny, chez Gallimard). Depuis longue date, des personnages comme les Schtroumpfs ou le Marsupilami se déclinent en albums pour les primo-lecteurs.

Sur le stand du Lombard, le public est invité à retrouver les Schtroumpfs de Tebo parmi ceux de Peyo, avec un cadeau en récompense une fois ceux-ci repérés... Après cet effort, on peut s’asseoir cinq minutes, mais on n’évite pas le regard oblique des Schtroumpfs honnêtes...

Cette année, nous avons été impressionnés par le stand des éditions 2024 ou des Éditions de la Gouttière, pour la première fois si représentées dans ce genre de salon. On a remarqué le stand des éditions Sarbacane pour leur 20e anniversaire.

La "pépite" bande dessinée de cette année à Montreuil : Sans Panique de Coline hégron (Delcourt). Bravo !

Oxymore, le nouveau label de Mourad Boudjellal, était là pour la première fois avec un stand. On nous promet une présence marquante de cette maison remarquablement cornaquée par Barbara Canepa et Clotilde Vu à Angoulême en janvier prochain. Mais surtout, tous les grands éditeurs BD étaient là : Dargaud, Casterman, Le Lombard, Rue de Sèvres, Dupuis et même… Glénat qui, pourtant fort du succès de son Titeuf, se labellisait subtilement… Glénat Jeunesse !

Glénat... jeunesse !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

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5 Messages :
  • "C’est quoi Mortelle Adèle, la géniale et insupportable héroïne de Mr Tan & Diane Le Feyer, sinon une BD qui a (à peu près) la périodicité d’un manga, le format d’un manga et le prix d’un manga ? Preuve que cela inquiète la BD traditionnelle : les éditions Albert-René, éditrices d’Astérix, ont créé la série Idéfix qui s’inscrit dans le même standard éditorial."

    Son succès ne se résume quand même pas à un format et une périodicité mis à la mode par le manga, si ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 novembre 2023 à  10:37 :

      Qu’on la qualifie de géniale, cela ne vous suffit pas ?

      Répondre à ce message

      • Répondu le 30 novembre 2023 à  11:34 :

        Le "sinon" de votre phrase et ce qui suit peut laisser à penser que le format et la périodicité de la publication expliquent plus le succès de Mortelle Adèle que la personnalité forte du personnage.
        En revanche, le caractère d’Adèle "ainsi" que la périodicité le format peuvent peut-être expliquer son succès.

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        • Répondu le 30 novembre 2023 à  13:13 :

          C’est sûrement un mélange de tout ça et aussi du grégarisme qui s’empare du public une fois que quelque chose commence à très bien marcher.

          Répondre à ce message

          • Répondu par Lena M. le 30 novembre 2023 à  20:14 :

            Oui, cela plait aux enfants et c’est très bien diffusé !
            Pas vraiment ma tasse de thé, mais respect !

            Répondre à ce message

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