Lee Youn-bok, aîné d’une famille qui vit dans la misère, est contraint de sécher l’école pour aller vendre des chewing-gums, avec à la clé un salaire ridicule qui permet de survivre tant bien que mal. Sa mère a quitté le foyer, sa soeur elle aussi s’essaie à la vente à la sauvette. Une autre soeur est d’ailleurs partie de son côté, dans l’espoir de ramener plus d’argent ensuite... Quant au père, charpentier, il n’arrive pas à trouver de travail du fait de son état de santé déplorable.
Entre la solidarité familiale et l’esprit charitable de ses professeurs, le jeune Youn-bok espère garder sa place à l’école pour entrer au collège, tout en souffrant de la faim au quotidien. Mais son rêve le plus cher est aussi de retrouver sa mère et sa soeur.
Dans un style typique du manwha grand public, Chagrin dans le ciel évoque à l’aide d’un graphisme sobre et clair ce destin étonnant d’un enfant de la rue. Utilisant des couleurs sépia dans des tons doux, délavés, ombrageux, Lee Hee-jae privilégie l’émotion, quitte à en faire beaucoup. Les adultes pourront trouver le récit assez larmoyant et naïf, mais c’est là une des caractéristiques des bandes dessinées coréennes.
Les figures des enseignants, sorte de saints pleins de bonté, frappent par leur force tranquille. Mais il faut garder à l’esprit que cet album s’inspire d’une histoire vraie, des propres souvenirs de Youn-bok, né en 1952 en pleine guerre de Corée.
On n’est pas loin de Dickens, et si on passe outre la naïveté un peu trop sucrée du récit, cette histoire dure et simple à la fois maintient l’attention du lecteur tout au long de ses 230 pages.
Chagrin dans le ciel semble tout à fait recommandable au public des collégiens, d’une part pour son niveau de lecture très abordable et d’autre part sa portée morale, valorisant la solidarité et l’attention aux plus humbles.
(par David TAUGIS)
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