Après l’Armistice signé par Pétain en 1940, l’armée de l’air française passe sous les ordres du régime de Vichy. Néanmoins, la guerre se poursuit dans le ciel du Proche-Orient, une région particulièrement stratégique pour les deux camps en présence.
Tandis que l’aviation anglaise bombarde les bases aériennes de Palmyre, Alep, ou Damas, les Forces Françaises du Levant sont écartelées entre les consignes de Vichy travaillant pour les armées allemandes et celle des Français ayant choisi de résister, ceux de la France Libre... Ainsi, les chasseurs restés fidèles au Maréchal Pétain recevront l’ordre de bombarder des blindés dans lesquels se trouvent des Français ayant rejoint le camp Gaulliste.
Dans ce troisième tome qui s’intéresse à un aspect peu ou mal connu de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve les deux aviateurs Marceau et Chatel, chacun dans deux camps opposés, suite au désastre de la campagne de juin 40. Pendant ce temps, le lieutenant De Tournemire bloqué à l’École de l’Air va découvrir Paris sous l’occupation nazie.
Avec ce nouvel épisode de Ciel de guerre, Pinard et Dauger poursuivent leur chronique rigoureuse et très documentée sur cette période et en révèlent toute l’ambiguïté. À l’image de ces héros, l’aviation française de l’époque est partagée.
Hasard du calendrier, ce nouvel épisode qui a pour cadre le ciel de Syrie, alors sous mandat Français, paraît à un moment où l’on n’a jamais autant parlé de cette région du globe. Philippe Pinard décrit avec minutie les faits et l’état d’esprit d’hommes contraints de se battre contre leurs propres compatriotes. Une situation inédite où l’amitié se confronte à de cruels dilemmes. Obéir ou résister ?
Olivier Dauger, déjà complice du scénariste, notamment dans Zone Rouge (chez le même éditeur) produit un dessin sérieux et particulièrement appliqué qui crédibilise le propos. La qualité des reconstitutions met en avant l’aspect précis et méticuleux de la documentation peut-être au dépens d’une narration un peu sage ou trop lisse qui, en clair, a du mal à séduire un public au-delà des passionnés de récits de guerre ou d’aéronautique, lesquels ont parfois besoin, comme dans ce cas-ci, d’un minimum de souffle épique..
(par Patrice Gentilhomme)
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