Nos dossiers Marché de la BD, faits et chiffres

Delcourt prend le contrôle des éditions Soleil

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 juin 2011                      Lien  
Pour leurs 25 ans, les éditions Delcourt viennent de s’offrir un joli cadeau : après Tonkam qui le place en pôle-position dans l’univers des mangas, il vient d’acquérir une part majoritaire des éditions Soleil, devenant le premier groupe de BD francophone indépendant.

Dans un bref document daté du 22 juin, Guy Delcourt annonce qu’il a pris le contrôle des éditions Soleil pour un montant qui n’a pas été communiqué :

« Cette opération résulte d’une volonté commune des deux fondateurs, Mourad Boudjellal et Guy Delcourt, dont les parcours n’ont cessé de se croiser depuis plus de vingt ans. Créées à deux ans d’intervalle, en 1986 et 1988, les deux maisons concurrentes tissent très tôt des liens de collaboration : de 1990 à 1993, Soleil confie la gestion de ses droits étrangers à Delcourt. 2003 voit naître leur filiale commune de diffusion, Delsol, qui s’impose d’emblée comme l’un des grands acteurs commerciaux du marché : outre les catalogues de ses actionnaires, Delsol diffuse Futuropolis, Gallimard BD, les Humanoïdes Associés, Bamboo, et Panini. »

Les deux maisons avaient développé un catalogue comparable centré autour de la Science-Fiction, l’Heroïc-Fantasy et la plupart des thèmes de la génération Star Wars/Harry Potter, un champ éditorial particulièrement porteur ces dernières années et qui avait fini par grappiller des parts de marché aux leaders du secteur au lectorat vieillissant : Média-Participations (Dupuis, Dargaud, Le Lombard), Glénat et Casterman.

Mourad Boudjellal reste actionnaire de ce rapprochement piloté par Guy Delcourt. Il s’impliquera dans plusieurs projets et reste le lien avec les grands auteurs historiques de la maison, notamment Christophe Arleston, Didier Tarquin et Jean-Louis Mourier. Il n’est un secret pour personne que cette prise de distance du fondateur de Soleil vient de son implication dans son autre passion, le rugby, plus prenante depuis que Mourad Boudjellal avait pris la direction du RC Toulon.

Delcourt prend le contrôle des éditions Soleil
Mourad Boudjellal continuera à s’impliquer dans sa structure éditoriale
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Guy Delcourt se veut rassurant pour les auteurs et les salariés : « Dans la nouvelle configuration, les Éditions Soleil comme les Éditions Delcourt (et leur filiale Tonkam) verront leur identité préservée, dans le plus grand respect de leurs auteurs et de leurs salariés, et trouveront un terrain propice à l’accomplissement de leurs ambitions éditoriales. » Les deux éditeurs, de toute façon, étaient connus pour être d’ardents négociateurs.

De nombreuses questions restent cependant en suspens : L’équipe de Soleil restera-t-elle à Toulon ou prendra-t-elle la direction de la capitale ? Qui dirigera Soleil, Guy Delcourt y nommera-t-il un directeur général ?

Il est clair que ce mouvement est une des conséquences d’une radicalisation du marché qui demande une attention de chaque instant, une aptitude que Mourad Boudjellal pouvait moins offrir à ses auteurs et à ses équipes ces derniers temps. Ces deux dernières années, l’éditeur toulonnais avait déjà considérablement réduit la voilure.

En laissant Guy Delcourt prendre le contrôle de sa structure, il renforce l’émergence d’un type de bande dessinée qui lui tient à cœur et il fait alliance avec un opérateur dont il partage les vues stratégiques.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Delcourt
 
Participez à la discussion
27 Messages :
  • Comme vous le dites si bien :
    22 juin 2011 18:44, par Oncle Francois

    "Les deux maisons avaient développé un catalogue comparable centré autour de la Science-Fiction, l’Heroïc-Fantasy et la plupart des thèmes de la génération Star Wars/Harry Potter, un champ éditorial particulièrement porteur ces dernières années et qui avait fini par grappiller des parts de marché aux leaders du secteur au lectorat vieillissant : Média-Participations (Dupuis, Dargaud, Le Lombard), Glénat et Casterman.". Qui se ressemble s’assemble, voila un joli mariage bien assorti, qui ne changera pas grand chose à mes habitudes traditionnelles d’achat et de lecture.

    Le même jour, on apprend que l’ex-patron de Soleil revend sa part dans Futuropolis. Grâve lassitude vis à vis de la BD ou souhait de sortir au bon moment, en empochant plein de sous ? Telle est la question !

    Répondre à ce message

    • Répondu le 23 juin 2011 à  11:08 :

      "qui ne changera pas grand chose à mes habitudes traditionnelles d’achat et de lecture "

      Y a beaucoup de série Nibards et épées, quand même ! Le célèbre Pincemi m’en semblait friand avant ? Que pasa ?

      Répondre à ce message

      • Répondu par Oncle Francois le 23 juin 2011 à  14:05 :

        Je n’ai jamais dit que j’étais particulièrement friand de séries de trolls et d’épées, même avec des guerrières à demi-vétues. Il y a eu la Quète de l’Oiseau du Temps, certes excellente, mais il me semble que les séries ensoleillées s’adressent à un public de teenagers, catégorie à laquelle je n’appartiens plus depuis longtemps. Si vous appréciez les dames, je vous conseille la lecture de Manara et de Pichard qui en ont déssiné de très attirantes.

        Répondre à ce message

  • Delcourt prend le contrôle des éditions Soleil
    22 juin 2011 19:18, par moi-même

    "après Tonkam qui le place en pôle-position dans l’univers des mangas"...je ne savais pas que peser à peine plus de 10% du marché du manga équivalait à une pôle-position :-)
    mais bon, à part ça ? Je ne vois pas ce que ça va changer ? Peut etre vont ils alors arreter de sortir chacun le meme genre de séries, de surfer sur les memes "vagues", et enfin arreter de surproduire ?

    Répondre à ce message

    • Répondu le 23 juin 2011 à  10:06 :

      "en pôle position dans l’univers du manga"
      alors ça c’est drôle ! enfin, vous ne pouvez pas laisser une telle fausse information. Que ce soit en volume ou en valeur, Delcourt-tonkam (et même en y associant Soleil) ce n’est certainement pas Kana, Glenat ou Pika. En vérité ils doivent être 4e ou 5e selon les résultats de Kurokawa. on est loin, très loin de votre affirmation...

      Répondre à ce message

  • Delcourt prend le contrôle des éditions Soleil
    22 juin 2011 19:51, par Tony

    Les auteurs "petits vendeurs" chez Soleil et chez Delcourt serrent les fesses, ils risquent fort de faire les frais de cette restructuration.

    Répondre à ce message

    • Répondu par davidbzh le 22 juin 2011 à  23:24 :

      suis bien d’accord ... des editions qui resteront, mais des lignes editoriales qui garderont les meilleurs,... ou les plus rentables ... a quand la prochaine mort de Futuropolis ?....

      Répondre à ce message

      • Répondu par Maxime C le 23 juin 2011 à  08:30 :

        Pareil... Deux sociétés qui fusionnent avec des collections très, très proches ne gardent pas longtemps ce genre de doublon... Même si évidemment, la société qui devient majoritaire prétend le contraire au moment de l’acquisiton, seulement pour pouvoir faire un meilleur tri dans un second temps... C’est logique et implacable... C’est la loi du marché, pas celle de la "création"... Ca y est, le grand ménage à commencé !!! Bonne chance les gars !

        Répondre à ce message

        • Répondu le 24 juin 2011 à  07:44 :

          Avec des collections si proches il y a risque effectivement d’une grande lessive dans un futur proche

          Répondre à ce message

    • Répondu le 23 juin 2011 à  08:01 :

      Déjà un tas de séries ne dépassaient par le tome 1 avant, ça va pas s’arranger tout ça

      Répondre à ce message

      • Répondu par JLM le 23 juin 2011 à  10:34 :

        Maintenant, plein de série ne dépasseront pas le tome 0 ;-)

        Répondre à ce message

        • Répondu le 23 juin 2011 à  11:06 :

          Ça fera plus de one-shots...

          Répondre à ce message

        • Répondu par P. le 23 juin 2011 à  11:19 :

          Dans certains cas, ce n’est pas nécessairement un mal... :-)

          Répondre à ce message

          • Répondu le 23 juin 2011 à  13:33 :

            et Bamboo ? prochaine cible ? :-)

            Répondre à ce message

            • Répondu par Maxime C le 23 juin 2011 à  14:04 :

              Bamboo va très certainement se faire manger tout cru dans un avenir proche. Mais quid des auteurs dans ce remue ménage ? Si certains étaient chez Soleil ça n’est certainement pas pour être chez Delcourt ? Et vice-versa. J’imagine que certains chez Delcourt vont faire la tronche en voyant qu’ils se rapprochent de Soleil...Même si les catalogues sont assez proches, la mentalité chez les deux éditeurs n’est absolument pas la même. Et jusqu’à preuve du contraire, les auteurs ne sont pas des machines qu’on s’échange...Hummmm, wait and see....

              Répondre à ce message

              • Répondu par P. le 23 juin 2011 à  14:25 :

                Je crois malheureusement que les auteurs sont de plus en plus "des machines qu’on s’échange" (pour reprendre votre terme). Il n’y a qu’a voir la valse des repreneurs sur certaines séries, où le fait que certaines séries commencées ici se poursuivent quelques années plus tard ailleurs... Cette "uniformisation" des offres éditoriales va je pense ne faire que s’accélerer chez les "grands groupes" qui s’efforceront tous de répondre à chacun des segments identifiés du marché. C’est ce qui se passe déja dans l’édition "classique" et j’ai du mal à voir pourquoi il en serait autrement dans le secteur de la bande dessiné... Les "auteurs" vont je pense devenir de plus en plus "prestataires de services", auxquels les éditeurs passeront commande de "produits" ciblés et bien définis et l’attachement d’un auteur à une maison d’édition bien précise deviendra (et est déja, soyons honnêtes) une chose du passé... Est-ce un bien, est-ce un mal, c’est une autre histoire...

                Répondre à ce message

              • Répondu le 23 juin 2011 à  15:26 :

                bamboo, j’y pensais justement, en effet, il sera le prochain, sans doute racheté par delcourt, et il aurait tort de ne pas le faire, quand je vois la main mise du groupe média participation, qui fagocite les librairies, les hypers, les pré ou post publications dans la presse !
                franchement, c’est plus sain, d’avoir des gens du même gabarit, que des moyens face à un très gros groupe, c’est mieux également pour les auteurs, ils gagneront en visibilité !
                ce rachat est bon, delcourt a-t-il nettoyé tonkam après son rachat, je ne pense pas, le fera-t-il pour soleil, je ne crois pas !
                cela devait arriver, c’est dans la logique des choses !

                Répondre à ce message

                • Répondu par Lo le 23 juin 2011 à  22:38 :

                  Vous allez un peu vite en besogne. Encore faudrait-il que Bamboo soit à vendre. Rien ne l’indique. Les finances de la boite sont saines et le patron n’a pas d’autres envies que de publier des BD, voire leurs dérivés. La société a été créée 15 ans après Delcourt et Soleil, laissez lui le temps de s’user ou pas.

                  Répondre à ce message

            • Répondu le 23 juin 2011 à  17:55 :

              Bamboo est la dernière cible restante, en effet ! 2 ou 3 best sellers noyés au milieu de millions de bd de métiers, mais best sellers quand même.

              Répondre à ce message

  • Avis d’un trés petit éditeur
    23 juin 2011 00:13, par Le Stylo Bulle Editions

    En faisant un parallèle avec d’autres industries que je connais bien (papetiers et imprimeurs) ces concentrations sont inévitables chez les plus gros donneurs d’ordre. L’idée est de réduire la surproduction et de se focaliser sur les clients rentables. Mais les petits acteurs peuvent rester présents et servir de sous traitants pour les gros... transposé à l’Edition les gros chercheront à travailler en priorité les séries rentables et les réseaux de vente porteurs (groupe de libraires, grande distrib). Les petits éditeurs resteront nécessaires comme découvreurs de talent, voir même partenaires pour tenter des choses... a voir la suite mais je pense que nous ne sommes qu’au début de ce mouvement.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Yellow.S le 23 juin 2011 à  16:13 :

      Oui, je dirais même plus, ces rapprochements font penser à l’industrie "tout court", et si c’est pour réduire la voilure de la surproduction et gagner ainsi en visibilité pour les auteurs restants, ce sera une bonne chose.
      Les petits éditeurs, découvreurs de talents ? Si on veut, mais ils sont en principe incapable de les garder, les payant mal, ou peu, et sans la nécessaire transparence comptable ou la sécurité financière qu’offrent les plus grands groupes, donc la transhumance de ces talents vers les grands groupes a toujours été et sera toujours d’actualité.
      Le reste de leur production, à ces petits éditeurs, est malheureusement à longueur de cartons ouverts, assez souvent un bonheur pour les ophtalmos ainsi qu’on l’évoque souvent sur BDP, et l’amateurisme total y règne en maitre.
      Quand on assure pas dans un job, comme ils disent dans notre belle province, ben, faut pas le faire.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Lieutenant Kaboom le 24 juin 2011 à  11:30 :

        "Le reste de leur production, à ces petits éditeurs, est malheureusement à longueur de cartons ouverts, assez souvent un bonheur pour les ophtalmos ainsi qu’on l’évoque souvent sur BDP, et l’amateurisme total y règne en maitre. Quand on assure pas dans un job, comme ils disent dans notre belle province, ben, faut pas le faire"

        Ne mettez pas tout le monde dans le même sac svp !
        Certains petits éditeurs connaissent totalement leur métier. Ce sont des passionnés. Combien de dessinateurs passés chez de plus gros se voient pris en charge et bouffés tout crus par des équipes de marketing issues de chez Danone, Decathlon ou Carrefour, qui ne connaissent pas vraiment le métier d’éditeur ?

        Ces équipes formatent les albums et on aboutit à une uniformité insipide offerte aux lecteurs, qui ont intérêt à rester avisés afin de trouver la perle rare ! Souvent trouvée d’ailleurs au sein de petites structures !!!

        Répondre à ce message

  • Et le "reste" ?
    23 juin 2011 10:16

    La répartition des parts dans Delsol change-t-elle ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Jet le 23 juin 2011 à  12:17 :

      qu’elles changent ou pas ça ne sera pas une évolution majeure....

      par contre, il y a un point absoluement fondamental que je ne vois mentionné nulle part = dans Izneo, delcourt et soleil avaient chacun 1 part, comme tous les autres actionnaires. Du coup, Delcourt deviendrait le seul actionnaire à posséder 2 parts de Izneo ??? il prendrait une position dominante dans une boite créée par Média, ce serait un coup magistral, non ?

      Répondre à ce message

      • Répondu le 23 juin 2011 à  14:36 :

        pour Delsol il s’agit de la répartition des dividendes ;-) Répartition éventuelle...

        A propos d’Izneo les 3 fondateurs - soit Dargaud (Paris), Dargaud Lombard (Bruxelles) et Dupuis (Marcinelle) - étaient actionnaires de la SAS sise à Paris rue Moussorgsky respectivement pour 60%, 20% et 20%. Capital initial 100.000 euros. Puis, à la faveur d’une augmentation survenue fort rapidement à 300.000 euros, les fondateurs disposent d’actions dites de catégorie "A" et les autres d’actions de catégorie "B". Les statuts actuels publics, à lire sur Euridile par exemple, ne détaillent pas la répartition mais les différences entre les 2 catégories d’actions... Delcourt, MC Prod (ou M. Boudjellal en personne ? qui sait ?) et les autres (Caster ? Bamboo ? et...) sont donc probablement présents (la liste ne figure pas dans les statuts, il faut insister là-dessus) mais porteurs d’actions de catégorie "B".

        Delcourt ne possède donc pas 2 parts d’Iznéo... C’est pas magistral, dommage.

        Allez, un journaliste "éco" nous fait l’organigramme complet aux frais de sa rédaction ? Euridile c’est pas donné donné ;-) Presque 12 euros rien que pour les statuts d’une seule raison sociale !

        Répondre à ce message

  • Delcourt prend le contrôle des éditions Soleil
    6 septembre 2016 15:56, par La plume occulte

    Une annonce intéressante du journal Le Parisien, Mourad Boudjellal serait lassé du rugby : «  Tous mes rêves sont réalisés dans le rugby, maintenant je gère et c’est moins drôle, nous confiait Mourad Boudjellal avant l’été.  » Il disait aussi qu’il pouvait arrêter du jour au lendemain et qu’il avait en tête un nouveau projet dans le monde des livres http://www.leparisien.fr/informations/toulon-pret-pour-la-vente-06-09-2016-6096681.php

    Répondre à ce message

    • Répondu par Zot ! le 7 septembre 2016 à  20:39 :

      Il a raison, c’est un homme d’affaires averti, il faut vendre quand c’est au plus haut et vite prendre l’argent ! Après la reprise de Soleil par Delcourt, on a vu que beaucoup d’auteurs-vedettes avaient pris leurs distances, il y a eu des suppressions de postes, une réduction du nombre de titres... Là, il semble que le remplaçant de Laporte ne soit pas adapté à sa fonction, donc on se retrouve avec des joueurs très bien payés qui sous-performent en équipe.

      Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Nos dossiersMarché de la BD, faits et chiffres  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD