Empyre | Volume 1/4 – Par Al Ewing, Dan Slott & Valerio Schiti – Panini Comics

Empyre est le crossover de l’année 2020 chez l’éditeur Marvel. C’était sans compter la crise sanitaire qui a eu lieu la même année et qui a retardé puis écourté ce projet dans le temps.

À l’image de ce qui avait été proposé au moment de la relance des X-Men avec la revue Dawn of X, cet événement a été proposé par l’éditeur Panini Comics sous la forme de quatre albums de mars à juin regroupant dans l’ordre chronologique les différentes séries principalement concernées. Des albums qui comme Dawn of X passent à une tarification mensuelle de 16 Euros, ce qui est nouveau concernant la gamme liée aux Avengers.

La guerre Kree/Skrull est donc l’un des principaux moteurs de ce nouveau crossover : les scénaristes Al Ewing et Dan Slott proposent de replonger les Avengers et les Quatre Fantastiques dans les méandres de ce conflit dont les répercussions pourraient bien concerner la Terre.

Cette fois, c’est le peuple des Cotatis qui est mis en avant. Il y a des millénaires, les Skrulls avaient fondé un empire pacifique basé sur le commerce. Arrivés à la planète Hala, ils découvrirent les Krees primitifs, et les Cotatis, une espèce florale pacifique. Pour décider à qui devaient revenir la primauté sur Hala, les Skrulls organisèrent un concours : ils prirent une dizaine de membres de chaque espèce, leur donnèrent accès à leurs technologies sur une lune inconnue (celle de la Terre !) afin de voir quelle espèce saurait tirer le meilleur de ces nouvelles connaissances.

Les Krees parvinrent à créer une cité immense et imposante, mais vide. Au contraire, les Cotatis sont parvenus à faire pousser une immense jungle pleine de vie… Les Krees, de peur de perdre le concours, massacrèrent les Cotatis et les Skrulls grâce au maniement de la technologie Skrull… Face à l’échec de leur stratégie civilisatrice, les Skrulls devinrent eux aussi belliqueux...

Revenons aux temps présents : face à la montée d’un récit messianique prégnant chez les derniers Cotatis de la Lune, les chefs des Skrulls et des Krees sont de plus en plus alarmés ; ils pensent même que l’éradication des Cotatis est devenue une priorité. Pour trouver un terrain d’entente, ils décident de s’allier derrière la figure juvénile du personnage de Hulkling, fils d’une princesse Skrull et du héros Kree Mar-Vell. Le jeune Avenger accepte la tâche qui lui est confiée.

Hulkling n’est pas dupe : il fait semblant de mener le génocide programmé des Cotatis, tout en essayant de trouver discrètement un moyen pour éviter ce massacre et permettre à l’alliance Kree/Skrull d’aboutir à une paix durable. Autant l’écrire, Empyre semble pour l’instant beaucoup se reposer sur l’écriture de ce personnage et des choix qu’il est amené à faire. Nous ne doutons pas que les lecteurs qui apprécient particulièrement le jeune Avenger trouveront un intérêt certain à ce premier volume, car il bénéficie d’un traitement plus approfondi que jamais.

Est-ce que Hulkling a véritablement choisi de devenir le souverain d’une alliance d’extra-terrestres belliqueux sur le point de commettre un massacre ?

© Marvel

Néanmoins, il nous semble difficile de s’enthousiasmer pour ce premier tome si l’on n’est pas amateur au préalable des récits cosmiques des Avengers datant des années 1970-1980. En effet, même si les différents épisodes de ce volume expliquent avec de nombreux détails la guerre Kree/Skrull, ainsi que les tenants et les aboutissants derrière chaque personnage ou groupe majeur du récit, l’intrigue joue sur une nostalgie à laquelle on sera peu sensible si l’on ne partage pas cet enthousiasme pour ces récits d’antan.

La chute de ce premier volume n’en demeure pas moins inattendue et intéressante, balayant un récit jusque là bien manichéen. C’est assurément un bon point pour cet album. On a envie de savoir où vont aller Al Ewing et Dan Slott avec leur violent changement de braquet !

Même s’ils sont mis en avant sur la couverture, les Avengers sont en retrait face à l’intrigue cosmique incarnée par les Skrulls, les Krees et les Cotatis. Pour ainsi dire, les Avengers sont dans leur rôle tels qu’on aurait pu l’imaginer a priori : (celui de protéger les Cotatis d’un génocide annoncé), rôle peu décisif dans le récit au regard de leurs actions et de leurs décisions. Nous espérons que la situation inattendue à la fin de l’album mettra un coup de pied dans la fourmilière et poussera les Avengers en dehors des sentiers battus.

Quant aux Quatre Fantastiques, là aussi, ils paraissent être relégués au second plan, même s’ils ne peuvent pas être concernés par le conflit entre les Krees et les Skrulls. Pour grossir le trait, l’équipe se baladait dans l’espace et découvre que la paix y règne… Avant de voir une armada de vaisseaux Kree et Skrull se diriger vers la Terre ! Là encore, nous espérons que, dans un prochain volume, l’équipe sera davantage mise en valeur qu’ici.

L’une des principales forces de Empyre à nos yeux réside dans la belle équipe de dessinateurs, qui offre des planches on ne peut plus solides à ce récit cosmique. Valerio Schiti, Pepe Larraz, R.B. Silva, les couvertures de Jim Cheung… Sur le plan graphique, les lecteurs en auront pour leur argent grâce à ces auteurs talentueux.

Cela peut sembler étonnant, mais en l’état, ce premier volume de Empyre ne nous apparaît pas comme un incontournable du catalogue Marvel. Peut-être que des événements futurs de ce crossover nous prouveront le contraire, mais actuellement, nous pensons qu’il faut au préalable connaître des récits plus anciens concernant la guerre Kree/Skrull pour embrasser l’essence de cet arc où les héros familiers de la Terre sont en retrait. Au contraire, si vous appréciez ces récits ou que vous avez conservé un souvenir positif de cette époque pour les Avengers ou les Quatre Fantastiques, Empyre saura faire vibrer la fibre nostalgique et promettre une perspective inattendue.