À la question, à quoi ressemble un festival de BD au temps du COVID ?, Pascal Mériaux répond : « Je ne le sais pas vraiment. Mais l’association s’est donné les moyens de cette ouverture » qui, on s’en souvient, avait été menacée un temps par la présence concurrentielle sur les mêmes dates du Festival d’Angoulême repoussé à l’été. Au final, le festival charentais a annulé ce projet.
Pascal Mériaux rappelle la spécificité du festival d’Amiens : il bénéficie d’infrastructures d’envergure qui peuvent accueillir jusqu’à 800 personnes en même temps. Étalé sur quatre week-ends tout au long du mois de juin, sa programmation est organisée en temps forts.
Ce qui est très impressionnant, c’est l’important nombre d’expositions originales créées spécialement pour l’occasion. Ainsi, cette rétrospective consacrée au dessinateur Cyril Pedrosa (L’Âge d’or, Portugal…, chez Dupuis), auteur de la très belle affiche du festival cette année, Une œuvre « variée, contemporaine, engagée et poétique » selon l’organisateur.
Une autre exposition intitulée « Libres ? » reviendra sur le thème du féminisme en bande dessinée, un sujet fort plus que jamais d’actualité. La question des droits des femmes, leur place dans une société patriarcale figée sera au cœur de cette initiative collective.
L’exposition « Chasseurs d’histoires : archéologie et BD » réalisée en partenariat avec le Musée du Louvre, le Musée de Picardie et le service archéologique d’Amiens Métropole, rien que ça !, reviendra sur des pièces archéologiques majeures qui racontent l’histoire « et sur la manière, assez comparable, par laquelle les histoires surgissent de l’imaginaire et des doigts des créateurs de bande dessinée. ».
Ajoutons une exposition consacrée au mangaka Shinichi Ishizuka (Blue Giant Supreme, chez Glénat), qui aurait dû être présent en personne si une certaine pandémie ne l’avait pas contraint à demeurer au Japon…
Outre ces expositions, ce qui caractérise les RDV BD d’Amiens, c’est l’importance accordée aux interventions en milieu scolaire et son orientation résolument jeunesse. Cette année, les expositions conçues pour les plus jeunes sont maintenues et des moments d’échange permettront au jeune public de rencontrer leurs auteurs préférés autour d’une table à dessin, des lectures à voix haute, et beaucoup d’autres surprises. L’association est d’ailleurs agréée par l’éducation Nationale depuis 2008.
Comme pour tous les festivals importants soutenus par le Centre National du Livre, les événements montés avec les auteurs, de la rencontre en exposition, jusqu’au live-drawing, aux ateliers et la master-class, sont rémunérés. Amiens pratique de la sorte pour l’ensemble des invités depuis 2018. En 2021, une expérimentation de la rémunération liée à la présence en signature devrait même être mise en place.
Comme on le voit, les RDV de la BD d’Amiens passent le quart de siècle avec passion, une passion qui survivra au COVID. D’autres festivals auront lieu en juin, comme Lyon BD ou encore Delémont’BD en Suisse, sous une forme qui dépendra des consignes sanitaires du moment.
Voir en ligne : Visitez le site du festival
(par François RISSEL)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Pour en savoir plus sur l’association organisatrice n’hésitez pas à consulter son site et plus particulièrement, la partie consacrée au service éducatif.