Hitler est mort ! T. 1 et T. 2 – par Jean-Christophe Brisard et (...)

Hitler est mort ! T. 1 et T. 2 – par Jean-Christophe Brisard et Alberto Pagliaro – Ed Glénat

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Hitler est une marque qui fait vendre. Si vous tapez le mot sur le moteur de recherche d’ActuaBD, vous trouverez aussi bien des récits historiques, en BD comme en mangas, que des parodies ridiculisant le dictateur nazi. Dans les années 1960 cependant, que ce soit dans Pilote avec « Allô DMA » de Jean-Michel Charlier et Raymond Poïvet ou dans «Tif et Tondu : Swastika » de Stephen Desberg et Will, le mythe est resté longtemps vivant d’un Hitler caché avec sa clique en Amérique du Sud.


Hitler est mort ! T. 1 – par Jean-Christophe Brisard et Alberto Pagliaro

Alors oui, Hitler est bien mort dans son bunker le 2 mai 1945, mais cela, on n’en est certain que depuis peu. La légende de la survie et de la cavale sud-américaine supposée du führer est une manipulation des Soviétiques pour tourner leurs alliés occidentaux en bourrique. Et c’est ce que raconte cette bande dessinée.

Quand l’Armée rouge entre dans Berlin à la suite de combats d’une très grande intensité. pas de traces d’Hitler… On interroge les gens présents dans le bunker. Ils disent qu’il s’est suicidé. Cyanure ou balle ? On ne sait pas. Staline, lui, veut qu’on lui trouve des preuves. Il met deux de ses services sur le coup : le fameux NKVD, l’ancêtre du KGB, avec Beria à sa tête, et le Smersh, le contre-espionnage soviétique. Il y a une concurrence féroce entre eux et les coups fourrés se multiplient.


Hitler est mort ! T. 1 – par Jean-Christophe Brisard et Alberto Pagliaro: © Ed Glénat

Contre-enquête

On sait aujourd’hui, depuis peu : 2018, que Hitler est vraiment mort. Un scientifique français, Philippe Charlier (rien à voir avec le fils du scénariste) et son équipe, dont un journaliste, auteur de films documentaires, Jean-Christophe Brisard et scénariste de cette BD, ont examinés les documents et les objets conservés dans les archives militaires de la Russie dont un crâne et une mâchoire. C’est tout ce qui resterait du dictateur. Le reste a été détruit en 1970 sur ordre du KGB de Youri Andropov. Si le crâne n’est pas celui du bouffon nazi (c’est peut-être celui d’Eva Braun, car il s’agit d’un crâne de femme) la mâchoire, elle, est formellement identifiée parce qu’on détenait des radiographies récentes de la dentition de Hitler qui comportait un bridge particulièrement reconnaissable.

Mais pour l’heure, en 1945, ces deux services soviétiques se livrent à une concurrence féroce. L’enjeu est de se distinguer aux yeux de Staline. Le cadavre de Hitler avait été brûlé : 200 litres d’essence avait été déversés sur les cadavres de Hitler et d’Eva Braun, mais les bombardements massifs de Berlin avaient empêchés les soldats chargés de l’incinération de surveiller l’opération jusqu’au bout. On retrouva donc les corps calcinés et on les identifia assez rapidement.

Folle intox

En juin 1945, le colonel russe Gorbushin du NKVD annonçait officiellement aux médias internationaux la mort du Führer. Il est aussitôt contredit par le maréchal Joukov qui déclara que c’était une erreur, que le chef des nazis s’était enfui en Amérique du Sud ou au Japon. D’où la légende qui va courir jusqu’en 2018, sous les versions les plus folles.

C’est un joli thriller que nous a écrit Jean-Christophe Brisard où les protagonistes sont fort bien caractérisés, d’autant mieux que le dessin expressionniste d’Alberto Pagliaro, aux mises en couleur et aux perspectives déstructurées, accentuent une ambiance proprement paranoïaque. Deux tomes sont parus. Le troisième et dernier est prévu à la fin de cette année et viendra clore ce triptyque. Intéressant et captivant.