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Imaginarium Vision : quand Disney crée avec les Français un soft-power 100% franco-belge

Par Romain GARNIER le 1er avril 2024                      Lien  
C'est un accord en direct entre Bob Iger et Emmanuel Macron qui a permis cette réalisation : la création d'une plateforme à 360° incluant un parc à thème jumeau de Disneyland, intitulé Imaginarium Vision, fondant sa stratégie sur le cross-média. Il sera situé à Cergy-Pontoise, au bout de la Ligne A du RER, à l'opposé de Disneyland. L'idée ? Faire alliance avec le géant américain pour créer un soft power franco-belge, sinon européen, avec les personnages de Tintin, Spirou, Titeuf, Alix, Blake et Mortimer... Récit d'une enquête sur un secret politique, culturel et économique né dans le désarroi de la pandémie mondiale.

Le bruit courait depuis longtemps : un Parc d’attraction Spirou, réplique de celui que l’on peut visiter dans le Var devait voir le jour au bord de la Charente. Le modèle était à peu-près le même que celui du parc varois, dupliqué plusieurs fois en Chine, sur la base d’un concept développé "en marque blanch" par la Compagnie des Alpes (propriétaire du Parc Astérix, de Walibi Belgique, de Bellewaerde, du Futuroscope 2 et du Musée Grévin et de plusieurs sites skiables notamment)

La ministre de la Culture d’alors, Roselyne Bachelot (présidence Sarkozy), avait déclaré : « J’ai toujours été une lectrice passionnée de bande dessinée, affirme la ministre. Petite, je lisais évidemment Tintin, Astérix et autres classiques de l’époque, que je lisais en silence quand mon père pratiquait la pèche à la ligne ».

Le ministère avait réuni en grand secret quelques grands noms contemporains pour imaginer ce que pouvait être ce projet mettant en avant leur univers : Joann Sfar, Xavier Dorison, François Schuiten, Lewis Trondheim, Pénélope Bagieu, Marion Montaigne, Riad Sattouf, Virginie Augustin, Christophe Blain, Mathieu Sapin, Denis Bajram, Catel, ... C’est que, déjà l’époque, le projet est ambitieux : créer à l’exemple des Américains, des Japonais et plus récemment des Coréens, un "soft power" de dimension mondiale à 360° : bandes dessinées, jeux vidéo, film, webtoons, parcs à thèmes, merchandising...

Au départ, ce constat : les créations françaises sur Netflix et d’autres plateformes sont de plus en plus nombreuses à bien se porter. Lupin a connu un succès mondial en 2021, tandis que la série Dix pour cent créée par Dominique Besnehard et Fanny Herrero a connu une résonance inattendue de par le monde. La plateforme Netflix a commandé à Alain Chabat une série animée Astérix qui doit sortir en 2025. La série américaine et le film sud-coréen Le Transperceneige-Snowpiercer, adaptés tous deux d’une bande dessinée française de Lob & Rochette, a connu un succès mondial. On peut encore citer Radiant de Tony Valente dont l’adaptation animée s’est taillé une place notable au Japon. Mais ce projet « pharaonique » prend l’eau. Il faut dire que la pandémie du Covid n’arrange pas les choses...

Rebond

L’arrivée d’un nouveau Président de la République, sur le dossier, Emmanuel Macron refait faire au projet des sauts de carpe : « Il faut se débarrasser de cette frilosité française qui consisterait à penser que nous n’avons pas les épaules pour créer une entreprise mondiale du divertissement. Nous devons renouer avec cet esprit de conquête ». Notamment numérique : Le Président annonce investir 30 miliards d’euros dans cette filière.

Derrière, les choses s’organisent. Rima Abdul Malak s’empare du mieux qu’elle peut de ce dossier qui la passionne, tandis que Rachida Dati n’a plus qu’à valider le travail de ses prédécesseuses une fois arrivée rue Valois dans le cadre d’une refonte totale de l’audiovisuel public. De plus, les auteurs ne sont plus les seuls autour de la table. L’ambition cross-média est telle que sont rassemblés les acteurs du livre : Guy Delcourt et Jacques Glénat et bien sûr Média-Participations présente dans la production de films et dans l’industrie vidéo-ludique (dont Microids qui a adapté beaucoup de licences BD en jeux vidéo, et Ankama dont ils sont actionnaires) mais aussi Ubisoft, le géant français du secteur. Même Manga.Io, le Netflix français du webtoon et Ono, le premier studio européen de webtoon sont de la partie...

Imaginarium Vision : quand Disney crée avec les Français un soft-power 100% franco-belge
Rima Abdul-Malak passe le dossier à Rachida Dati, mais c’est Emmanuel Macron qui abat le joker.
Photo : Romain Garnier

Autour de la table également, des chaînes de télévision françaises et européennes (TF1, France Télévision, RAI, RTBF, RTL+, BBC...), des acteurs de la grande distribution (Michel-Édouard Leclerc, grand collectionneur de planches de bandes dessinées, la chaîne Cultura ou encore le groupe Mulliez-Auchan). « Cessons de laisser aux autres nations le soin d’adapter nos œuvres » nous glisse un représentant de Canal+/Hachette qui travaille à l’adaptation de l’excellente bande dessinée Les Sentinelles de Xavier Dorison et Enrique Breccia dont la diffusion est pressentie pour la fin d’année 2024. Mais comment financer ce projet ambitieux qui dépasse de loin l’intensité capitalistique des Européens ?

On en est là lorsque, coup de théâtre : le retour de Bob Iger à la direction de Disney permet à Emmanuel Macron de concrétiser un projet de consortium destiné à crée « un Airbus américano-européen de la culture » qui ferait pièce aux Coréens du Sud et aux Chinois qui se partagent l’Asie.

Nom de code : Imaginarium Vision

Son nom, Imaginarium Vision, évoque évidemment l’ambition de l’entreprise dans le domaine du divertissement. Une vision ouest-européenne et latine, occidentale à tout dire, mais en lien avec les continents comme l’Afrique et l’Asie que le partenariat américano-européen espère investir.

« La France est la tête de pont de ce projet pour des raisons logiques, au-delà du fait qu’il soit de son initiative, affirme-t-on du côté de l’exécutif qui mène cette opération dans une « logique d’autonomie stratégique » : Notre pays est réputé pour son cinéma, sa bande dessinée et ses jeux vidéo. Je suis même étonné qu’un tel projet n’ait pas vu le jours plus tôt » nous dit l’ancien minsitre de la Culture Jack Lang qui ne rate jamais l’occasion de se rappeler à son bon souvenir.

De son côté, Bob Iger positionne Disney comme une plateforme de dimension mondiale où s’exprimeront « créateurs et réalisateurs français, mais aussi italiens, polonais, espagnols, allemands, anglais, norvégiens, turcs... » Un Netflix puissance 100, en somme.

Les projets ? On nous a fourni une liste courte et volontairement incomplète, avec des titres parfois étranges. On se croirait dans l’annonce d’une phase Marvel. Que peut-on y apprendre ? Le développement intégral de Peyo, y compris Benoît Brisefer ou Pierrot et la Lampe, de Zep, de Sfar, de Pratt, de Guarnido, de Moebius et de Cauvin. On l’aura compris, une recherche d’équilibres entre différents partenaires. L’exploitation se fera à 360° comme pour les mangas.

Screenshot d’un jeu vidéo inspiré de l’univers de Philippe Druillet

Le jeu vidéo en tête de pont

On sait que Bob Iger mise un maximim sur le Jeu vidéo après le rachat d’Epic. Quatre jeux vidéo y sont annoncés. Un premier est intitulé Imaginarium Battle. D’après quelques indiscrétions, il s’agirait d’un jeu vidéo inspiré des fonctionnements de League of Legends et Heroes of the Storm qui sera graphiquement conçu à partir des oeuvres de Philippe Druillet. Un jeu multijoueur qui ferait donc s’affronter un grand nombre de héros de bandes dessinées avec une esthétique fantastico-steampunk. Pas très original, mais qui peut être plaisant. En revanche, un jeu d’enquêtes et aventures dans l’univers de Joann Sfar avec le Professeur Bell en rôle titre et enfin un jeu de stratégie dans l’univers des 5 Terres constituent un programme alléchant.

- Une série animée adaptée de la série à succès Donjon (de Sfar et Trondheim) (2027)
- Une série en prises de vues réelles adaptée des Mondes d’Aldébaran de Leo (2027)
- Un film en prises de vues réelles de la série de bandes dessinées Le Scorpion d’Enrico Marini et Stephen Desberg (2028)
- Une série en prises de vues réelles avec moult effets spéciaux de la série Le Château des étoiles d’Alex Alice (2029)

Dernière information, le nom du PDG France de cette structure sera communiqué lors de la prochaine Japan Expo, à Paris, début Juillet 2024, an présence d’Emmanuel Macron. Dans l’antre du soft power japonais et à une encâblure des JO, ça va être du sport !

(par Romain GARNIER)

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