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Kashmeer, tome 2 - Par M. Rouge et F. Le Berre - Glénat

Par Tristan MARTINE le 31 mars 2015                      Lien  
Le tome 2 de Kashmeer, déçoit par son scénario vaporeux, mais régale par le magnifique dessin de Michel Rouge.

Suite à un attentat commis à Paris, à La Défense, Paul Stevens, un chimiste parisien, est pris dans des enjeux qui le dépassent. Il rejoint sa petite amie indienne à New Dehli, mais, en réalité, il continue à être manipulé par les services secrets français et américains tout au long de son périple qui le mène jusqu’au Cachemire.

Il s’agit là d’un projet en gestation dans les cartons de Michel Rouge depuis une vingtaine d’années. L’ensemble a été redécoupé par Fred Le Berre, le dessinateur de plusieurs Comanche trouvant que son récit était confus et manquait d’organisation. Il s’agissait au départ d’un récit « à message », Michel Rouge voulant dénoncer l’hégémonie occidentale qui écrase tout, notamment les traditions indiennes, en montrant un jeune Occidental prenant conscience du délire de la culture dans laquelle il vit. Le propos, reposant par moment sur des thèses quasi « complotistes », n’est pas franchement convaincant.

Kashmeer, tome 2 - Par M. Rouge et F. Le Berre - Glénat

L’histoire devait initialement se déployer sur trois volumes, mais suite à l’échec commercial du premier volume, Glénat a imposé aux auteurs de condenser leurs deux derniers volumes en un seul. Cela se ressent fortement dans cet album trop dense. Tout le plan mystique est un peu sacrifié, faute de temps pour le développer. C’est dommage, d’autant que l’on aurait souhaité que le dessinateur ait plus de place pour certaines scènes. Plusieurs pistes, esquissées au cours du premier volume ou au début de second, ne trouvent pas d’aboutissement.

Sur son blog, Michel Rouge raconte d’ailleurs les conflits entre lui et Fred Le Berre et montre comment il a dû sacrifier dans l’urgence certains passages.

Le scénario est souvent assez brouillon, oscillant entre récit d’aventure classique, mysticisme ésotérique et dénonciation politique de complots mondiaux… Les auteurs n’ont manifestement pas réussi à se mettre d’accord entre eux, et, selon les passages, des tons très différents traversent cette bande dessinée. Le découpage manque, lui aussi, parfois de fluidité.

En revanche, le trait est impeccable, et un vrai travail a été apporté sur les couleurs par le fils du dessinateur, Corentin Rouge. Michel Rouge se revendique de l’école Giraud, qu’il définit comme une « ‘ligne claire’, initialement au pinceau, complétée par des indications de matière et un trait efficace en mode ‘croquis’ ». De fait, il est impossible de ne pas penser au dessin des derniers Blueberry quand on lit cet album. Michel Rouge a travaillé avec Giraud sur un album de Marshal Blueberry, Frontière sanglante, et cela se sent, ô combien. Le dessin est vraiment splendide, parvenant à retranscrire des ambiances très différentes avec brio.

Bref, ce n’est pas pour les messages qu’il entend véhiculer que l’on retiendra cet album, pas plus que pour son scénario complexe et peu lisible, mais pour ses magnifiques ambiances et son dessin aussi élégant que réussi.

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Glénat
 
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2 Messages :
  • Kashmeer, tome 2 - Par M. Rouge et F. Le Berre - Glénat
    1er avril 2015 10:02, par Michel Rouge

    Votre incompréhension du scénario n’est guère étonnante, car, dans ce dernier, je n’utilise aucun des termes en usage dans le langage falsifié de nos contemporains. Je ne prendrais qu’un seul exemple : vous parlez de « thèses complotistes », alors qu’il s’agit plutôt (s’il l’on veut garder le terme de thèse ou d’hypothèse), de thèse relevant proprement de la manipulation des Etats, le terme de complot devant être réservé pour définir « l’accord cachés de quelques personnes pour supprimer ou rabaisser les gens ou les institutions qui les gênent »(définition étymologique), ce qui, par exemple, s’applique parfaitement pour la thèse du gouvernement américain du 9/11 désignant Ben Laden. La « thèse complotiste », par conséquent, toujours pour prendre l’exemple de cette version officielle à laquelle vous faites allusion et connue de tous, est celle admise par la majorité. Vous utilisez ce terme de « complot » qui ne figure dans mon texte qu’une seule fois (sauf erreur) pour justement bien souligner le sens dévoyé en usage par les manipulateurs des idéologies modernes.
    Mon erreur est d’avoir voulu faire une bande dessinée qui s’adresse à une catégorie de gens qu’on ne trouve guère parmi les lecteurs habituels de ce type de littérature qui ont sans doute, hélas, comme vous dites, l’esprit « vaporeux ». Pour ce qui est du dessin, vous ne semblez pas l’avoir vraiment perçu pour ce qu’il est, ce qui ne m’étonne guère...Il est aussi difficile d’être un bon critique que d’être à la fois bon scénariste et dessinateur.

    Au temps pour nous deux !

    Michel Rouge

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