Le Frame Prague Comics Art Festival a encore frappé

On peut dire que Klára Vöröšová, créatrice du festival et de la très populaire librairie No Ordinary Heroes à Prague, a fait du bon travail avec sa nouvelle équipe.

Encore un festival tellement underground qu’il est littéralement sous-terrain, plus précisément dans le sous-sol du Theâtre X10, un bâtiment fonctionnaliste de sept étages style Deutscher Werkbund... Dis comme ça, c’est étrange, mais ça l’est encore plus quand on voit l’espace investi de personnages géants tirés de l’affiche de cette année dessinée par Jango Jim.

La particularité de cette année était l’exposition organisée autour de la revue slovène Stripburger, une référence dans le milieu du fanzinat qui a publié de nombreux auteurs européens et internationaux, et qui célébrait cette année ses 30 ans. Ce qui a aussi été l’occasion pour eux de publier le massif : Dirty Thirty : 30 Years of Making a Scene, un pavé regroupant les auteurs phares de la revue. Les principaux auteurs exposés étaient tout de même slovènes : Gasper Rus, Andrej Stular, Tanja Komadina, Matej Stupica, et Matej Kocjan-Koco - l’exception confirmant la règle étant le Hollandais Marcel Ruijters !

La deuxième exposition était consacrée à la Shortbox Comics Fair, une exposition de bande dessinée digitale. Zainab Akhtar, la fondatrice du festival, accompagnée de Klara Vöröšová, ont sélectionné dix planches de jeunes bédéistes pour l’exposition : Angie Kang, Azam Raharjo, Barbara Benas, Bolzemo, CA Strike, Felipe Ortiz, Megan Llewellyn, Pavina, Shazleen Khan, et Theo Stultz.

La dernière exposition portait son regard sur l’avant-garde féminine espagnole dans l’illustration. Nous pouvons noter la qualité de toutes ces oeuvres qui ne sont pas franchement mises en valeur sur les murs de bétons, sur un côté moins éclairé ; mais on est dans un théâtre souterrain après tout.

Les réussites du festival sont les workshops, mais aussi les conférences organisées pour des publics variés : professionnels de l’édition, lecteurs, auteurs. Ces panels réunissaient différents acteurs (entres autres, les éditeurs Avant-Verlag, La Cúpula, Jonathan Cape - et les festivals de Bergen, Lakes, Krakòw) autour de notions de création, de promotion, de marketing, cristallisant une ouverture européenne que les exposants incarnent aussi bien, des Latviens Kuš !, aux écoles d’illustration de Leipzig et d’Epinal, jusqu’aux éditeurs ukrainiens UA Comics et Vovkulaka.

On y repère quelques visages familiers : de Lucie Lomová, autriche tchèque illustratrice de Anca et Pepik, à Benoît Presteseille avec sa maison d’édition Ion.

Si certains exposants se plaignent du prix des tables (150 € pour un stand), après une selection stricte des exposants, et le prix d’entrée pour le public, l’ambiance est pourtant bon enfant (il y a aussi des bières). Saluons la diversité, la pertinence, l’organisation et l’effort donné par ce festival qui, sans nul doute, saura grandir et s’étendre dans le temps.