Qin Shi Huang - Par David Soyeur, Giulia Priori & Fabrice Linck - Ed. Kamiti

On le sait, la Chine est un pays gigantesque qui doit son nom et sa cohésion actuelle à son premier empereur Qin, qui a proclamé une langue et des lois uniques sur tout son territoire plus de deux cents ans avant notre ère. Mais outre ces éléments géopolitiques, la première mouture de la Muraille de Chine et le mausolée des guerriers en terre cuite, on sait finalement peu de choses sur cet empereur fédérateur. Comment a-t-il mis fin aux précédents Royaumes combattants qui s’entredéchiraient depuis des siècles ? Comment a-t-il pu se unifier et maintenir la cohésion d’un territoire aussi vaste ? Voilà le défi que relève ce one-shot !

Tout commence de manière dynamique avec les derniers jours de l’empereur. Une narration qui permet de revenir en arrière dans le temps, tout en étudiant la fin du règne de l’empereur et les remous qui s’en suivirent. Pour narrer tout cela, le scénariste Fabrice Linck évite heureusement la plombante voix off pour placer un témoin anonyme qui a suivi toute la carrière de l’empereur, depuis son enfance en captivité dans un royaume voisin. De cette manière, l’ouvrage lève le voile sur ce premier empereur, qui fut aussi des plus secrets et coupé de son peuple, miné par la paranoïa des complots (à juste titre) et par la quête impossible de la vie éternelle.

En effet, le récit décrit très bien les complots de la cour, et comment la Chine est passé des Royaumes combattants à un empire unifié sous l’impulsion des premiers ministres successifs de Qin plus que par sa propre impulsion. Avec autant de noms et de détails, il fallait deux grands points fort pour maintenir le dynamisme au long des 62 plages et autant de complots que de trahisons.

Le premier point fort est lié aux allers-et-retours dans le temps, qui permettent de vivre la mort de l’empereur et les jours qui suivirent, et en même temps de revenir dans le temps pour montrer les grands moments charnières de sa vie, ce qui l’a amené au pouvoir, puis de son règne. Le second est lié à la mise en page de David Soyeur : il est parvenu à intégrer beaucoup de dialogues et autant d’informations dans des pages bien découpées, qui apportent variations et informations dans des mises en pages suffisamment diversifiées. Saluons aussi les couleurs de Giulia Priori, qui allègent l’ensemble, tout en apportant beaucoup de lisibilité.

L’album n’est pas exempt de quelques défauts. Quelques intrigues secondaires à propos de personnages qu’on ne voit même pas, auraient pu être épargnées aux lecteurs. Les auteurs eux-mêmes se perdent une fois dans leur construction chronologique car le personnage central de l’empereur est lui-même présenté à deux états de vieillesse différentes lors de la même époque. Enfin, on aurait tout de même apprécié disposer de quelques pages de plus sur l’évocation du plus fameux mausolée dont l’humanité a hérité : où sont les rivières de mercures et la vue intérieure avec les soldats en terre cuite ? Le peu que l’on présente nous laisse un peu sur notre faim...

Quoiqu’il en soit, les auteurs ont su relever ce défi avec application ! D’ailleurs, au 4e plat de l’album apparaît une frise chronologique. Il est effectivement prévu que de futurs albums abordent les autres dynasties qui suivirent la fondation de cet empire millénaire. Après ce premier one-shot, l’équipe semble prête selon nous pour continuer à faire découvrir la face cachée des dynasties chinoises. Une affaire à suivre...