À quoi reconnaît-on une œuvre moderne ? Le plus souvent à sa capacité de s’adresser à son interlocuteur en lui racontant une histoire qui apporte en supplément une réflexion sur les conditions de sa création.
Cette ambition est présente dans les aventures de Roman Guénodon, un jeune amateur de lectures d’aventure au prénom prédestiné, qui se trouve confronté à un livre qui lui raconte son avenir.
Mais ce mistigri littéraire a eu d’autres propriétaires avant lui qui, eux aussi, veulent maîtriser leur avenir, parmi eux des nazis qui veulent assurer à leur leader un destin millénaire.
Ce qui fait le prix de ce cycle de cinq albums dont le quatrième paraît le 26 février prochain, c’est la multitude de ses références aux grands classiques de la littérature fantastique comme à ceux de la bande dessinée, en particulier les comics américains.
Un peu à la façon des Aventures de Kavalier & Klay de Michael Chabon, les auteurs mettent en scène de jeunes dessinateurs de comics des années trente, dénommés au hasard Siegel & Shuster, dont le héros, Silverman, est en fait inspiré par un « ghostwriter » qui ne serait autre qu’une femme résidant à Berlin.
Graphiquement, les clins d’œil vont à Alex Toth, à Frank Miller, à Jim Steranko... Scénaristiquement, on convoque aussi bien Hugo Pratt que le mythe du Golem.
Cela donne une lecture haletante, d’une richesse infinie. Il faudra un certain temps avant que Le Livre des destins ne concède tous ses secrets.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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