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Les JO en Corée, le webtoon à Paris

Par Laurent Melikian le 9 février 2018                      Lien  
La bande dessinée numérique a trouvé en Corée du Sud sa terre de prédilection. Alors que s’ouvre les olympiades d’hiver à PyeongChang, le Centre culturel coréen de Paris propose une exposition pour découvrir cette nouvelle forme de récit graphique qui a conquis des millions de lecteurs en Corée et ailleurs.

Si vous voulez parler de bande dessinée en Corée, ne dites plus « manwha ». Au mieux vous ne serez pas compris, au pire vous passerez pour un ringard. Car le terme « webtoon » a pris le dessus, de la même manière que « bande dessinée » a remplacé « illustré » dans la France des années 1960. Webtoon est la contraction de « web » et de « cartoon ». Le néologisme désigne des récits graphiques à défilement vertical conçus pour les smartphones. Ils ont aujourd’hui envahi le paysage culturel de la péninsule.

Les JO en Corée, le webtoon à Paris
Photo © L Melikian

Pour expliquer l’avènement du webtoon, il convient de revenir à la crise financière des années 2000 en Asie. À l’époque, les kiosques coréens regorgent de revues hebdomadaires de plusieurs centaines de pages. Ces magazines proposent des feuilletons populaires, pas si différents des publications japonaises comme Shonen jump. Du fait de la dépression, ces revues mettent la clé sous la porte, privant les lecteurs de leur feuilletons et les auteurs - souvent à la tête d’atelier de production -de revenus.

Extrait de "Free Draw"
© Jeon Sun-wook

Au même moment, l’État coréen choisi le numérique pour axe de développement. Infrastructures et terminaux numériques se développent, des portails Internet d’envergure comme Daum ou Naver se créent. Ceux-ci sont des plateformes à 360°, à la fois moteurs de recherche comme Google et distributeurs comme Amazon. Pour exister, ils doivent attirer les visiteurs en masse, ces nouveaux manwhas qu’on appelle bientôt webtoon constituent donc un produit d’appel de choix.

Dès le début des années 2010, le webtoon atteint son orbite coréenne. Avec une mécanique bien rodée, d’épisodes à suspens généralement hebdomadaires dont la promotion est entretenue sur les réseaux sociaux. Les séries sont organisées en saison à la manière des productions télévisées. L’accès gratuit au départ, devient peu à peu payant mais reste toujours à un coût modeste sans commune mesure avec les manwhas de papier. Les portails se disputent les auteurs les plus populaires, certaines séries dépassant très largement le million de lecteurs par épisode.

L’exposition Webtoon ! Spécial PyeongChang qui se tient au Centre Culturel Coréen de Paris présente un éventail de cette production. Lors de son inauguration le 24 janvier, le jeune auteur Jeon Sun-wook, trente ans, expliquait que sa série, Free Draw, une comédie lycéenne, est suivie par trois millions de lecteurs. Un succès considéré comme très honorable mais qui ne fait pas encore partie des "best-sellers" du domaine, ceux qui ont franchi le cap de l’adaptation en série télévisée (une cinquantaine), en film de long métrage ou en comédie musicale... Il y a quelques mois nous avions rencontré à ce sujet le dessinateur Hun, auteur entre autres de Secretely greatly dont l’adaptation pour le cinéma a atteint un record au box-office coréen.

Extrait de "Passions connectées" à lire en français sur Delitoon
© YoungGon Lee

Partout dans le monde, le phénomène webtoon fait école. Naver traduit et diffuse lui-même quelques-unes de ses séries sur le portail anglophone webtoon.com. Certains acteurs internationaux commencent à se manifester. Parmi eux citons les Américains de Tapas et bien sûr le Français Delitoon dont nous avions interviewé l’année dernière le directeur Didier Borg et qui propose aujourd’hui des œuvres coréennes, chinoises et bientôt des créations françaises.

Il y a quelques jours, en plein FIBD, une présentation de webtoons était proposée par l’agence Komakon de Bucheon, équivalent coréen de la Cité Internationale de la BD. Nous y avons surpris quelques représentants d’une grande maison d’édition européenne suivre attentivement les débats. En 2018, il apparaît que la question n’est plus de savoir si le webtoon s’imposera en zone francophone, mais plutôt quand il s’imposera.

Webtoon ! Spécial PyeongChang propose un premier contact avec ce phénomène. Deux décennies de webtoon y sont synthétisés. Le visiteur peut également consulter quelques œuvres sur des tablettes mises à sa disposition. Jeux olympiques obligent, nous y découvrons également quatre webtoon sur le thème des compétitions hivernales spécialement conçus pour l’occasion. Vous pouvez les lire sur place en anglais jusqu’au 28 février ou en français sur Delitoon : cherchez pour cela la section sport.

Voir en ligne : Le site du Centre culturel coréen de Paris

(par Laurent Melikian)

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Code EAN :

Jusqu’au 28 février
Centre culturel coréen de Paris
2, avenue d’Iéna, Paris 16ème

 
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