« Dis-moi qui tu lis et je te dirai ce que tu es », l’adage est ancien et bien connu. Mais François Mauriac rajoutait : « Il est vrai, mais je te connaîtrai mieux si tu me dis ce que tu relis. »
Et, de fait, nous avons tous, surtout si nous faisons un métier créatif, un auteur qui nous fait écho, une sorte de tuteur spirituel qui nous accompagne une vie durant : Stendhal relisant Saint-Simon et Paul Léautaud, Stendhal. Cela est aussi vrai graphiquement : beaucoup d’auteurs de bande dessinée ancrent leur trait dans ceux d’Hergé, de Jacobs, de Franquin, d’Hermann… Philippe Druillet a bien regardé le cinéma, les comics américains, Gustave Moreau, Delacroix, Chassériau et les illustrateurs de Jules Verne ; Blutch a durablement été impressionné par Daniel Goossens par exemple.
Leur rapport à la littérature est moins connu, mais il est évident dans leur œuvre : Druillet construit les images de Salammbô enivré par le texte de Flaubert ; le Peplum de Blutch est façonné par les aphorismes cryptiques du Satyricon de Pétrone.
Ce qui fait le prix de ces « rencontres », c’est que l’entretien entre dans l’intimité de l’aventure créatrice. L’ouvrage reproduit les prises de notes, les croquis éphémères, les recherches graphiques et les textes originaux du romancier français et de l’auteur latin surlignés et annotés par les artistes.
Commentés par leurs dessinateurs dans un visible amour du texte, ce sont leurs images mentales qui surgissent de la lecture que l’on voit se former, sous nos yeux, avec l’intensité d’une flamme. C’est beau, c’est unique, c’est édifiant et incontournable si l’on aime le 9e art.
Voir en ligne : LE SITE DE LA GALERIE BARBIER
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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